Présidentielle en RDC: En décidant de passer la main à un dauphin, Joseph Kabila envoie-t-il un message fort à Paul Biya ?

Par Otric NGON | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 11-Aug-2018 - 13h28   8935                      
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Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, lors d'une conférence de presse le 26 janvier 20 AFP/Thomas NICOLON
La soif immodérée du pouvoir l’avait presque aveuglé. Mais sentant son sort scellé par un peuple qu’il a oppressé sans retenue, l’actuel président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, vient de lâcher prise.

En désignant Emmanuel Ramazani Shadary comme dauphin le 8 août dernier, Joseph Kabila a choisi la voie de la sagesse. Il ne sera pas candidat lors du rendez-vous de décembre prochain. Conscient que les voyants sont au rouge et que le châtiment qui l’attend au bout du chemin sera des plus impitoyables, le fils du feu Laurent Désiré Kabila a opté pour un départ sans bain de sang.

En effet, commente Le Messager du vendredi 10 Août 2018, la colère des populations, la haine qu’il a lui-même attirée contre lui, doublée des contestations multiformes venant de toutes parts, ont finalement eu raison de lui. «Les acteurs politiques, la société civile et même l’Eglise ont prié pour sa fin de règne. Et comme une révélation qu’il reçoit en songe, l’homme à la barbiche blanche a cédé à la pression pour que Emmanuel Ramazani, candidat de la majorité et admis de tous, représente son bord».

Poursuivant son analyse, Le Messager affirme que «le choix de la raison et l’audace de mettre son peuple à l’abri du carnage ont sûrement animé celui qui, dans certains milieux était assimilé à un dictateur vient ainsi d’ouvrir les portes de l’histoire dans un pays où le départ de ses prédécesseurs a toujours fait l’objet de coup d’Etat et des tueries aux élans de règlement de compte».

C’est tout le contraire au Cameroun où Paul Biya reste en course pour tenter de conserver le pouvoir qu’il tient d’une main de fer depuis le départ d’Ahidjo le 06 novembre 1982, fait observer le journal. «Il n’a pas l’intention de partir parce que Paul Biya aime le pouvoir et l’argument usité pour son maintien au forceps est «l’appel du peuple» confisqué par une certaine élite et rafistolé en l’absence de ce peuple muselé».

Toujours selon le journal, «l’homme du Renouveau et son appareil ont du mal à s’imaginer hors du pouvoir au regard des privilèges et autres avantages liés à la fonction, d’où leur gymnastique ubuesque et les entourloupes qu’ils développent inlassablement pour demeurer à la mangeoire».

Et de conclure: «Le non-respect des clauses contractuelles avec les acteurs politiques du changement à partir des années de braise, la violation constante de la constitution au sujet de la décentralisation et d’autres dispositions, la manipulation de l’opposition, l’interpellation et le broyage systématique de ses potentiels challengers sous la bannière l’assainissement des mœurs publiques au travers de l’opération Epervier, sont quelques clichés suffisamment éloquents».

Auteur:
Otric NGON
 @OtricNgonCIN
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