Song Bahanag: Rigobert sang his last Song

Par Emmanuel Gustave Samnick | Ndamba
- 05-Jul-2010 - 08h30   60500                      
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Le joueur le plus capé du Cameroun et du Mondial 2010 a sans doute disputé son dernier match international le 24 juin 2010 face aux Pays-Bas.
Une carrière colossale qui se termine sur une note un peu triste, mais qui fait entrer l'ancien capitaine des Lions indomptables dans la légende du football.

Rigobert SONG
Photo: © FIFA/Getty Images
Le vétéran camerounais (34 ans, ce 1er juillet) Rigobert Song Bahanag, muet devant la presse depuis que le brassard de capitaine des Lions indomptables lui a été retiré par Paul le Guen en août 2009, en entrant en jeu le 24 juin dernier face aux Hollandais à Cape Town, a honoré sa 137ème sélection. Il est donc resté, de tous les joueurs présents en Afrique du Sud pour prendre part à la Coupe du monde 2010, le joueur le plus capé. Fabio Cannavaro (Italie) et Amado Guevara (Honduras), qui le suivaient de près à 133 sélections avant le coup d'envoi du Mondial sud-africain, sont restés bloqués à 136, leurs équipes nationales ayant été, comme le Cameroun, éliminées au premier tour. Dans son édition du 13 juin 2010, le journal sud-africain City Press avait dressé un portrait en forme d'hommage à l'enfant de Nkenglikock, avec ce titre poétique qui joue sur le patronyme de l'ancien capitaine des Lions indomptables: «Rigobert sings his last Song». C'était la veille du premier match du Cameroun contre le Japon, auquel Song Bahanag, toujours banni par le sélectionneur Paul Le Guen, ne prit pas part. Sa dernière chanson ("song" en anglais), il la chantera finalement jeudi dernier, quand le technicien breton, comme dans un élan d'humanisme peu habituel, permit au recordman des sélections à la Coupe du monde 2010, de fouler enfin la pelouse au cours de cette compétition, en le faisant entrer vers la fin du match Cameroun — Pays-Bas. LONGÉVITÉ EXCEPTIONNELLE Pour l'ensemble de son œuvre, son exemplarité sur le terrain et sous le maillot vert des Lions indomptables, celui qui restera dans l'histoire comme l'incarnation du "Lions Fighting Spirit", ne méritait pas une telle sortie. Nous sommes même persuadés que par son expérience, son sens du placement, sa rage de vaincre et son engagement jamais pris à défaut, sa présence au cœur de la défense centrale du Cameroun pendant cette Coupe du monde 2010 aurait permis d'éviter bien de situations malheureuses. Celui que les fans appellent affectueusement Magnan ("mon frère" en langue bassa) y avait encore sa place, pour ce dernier tour d'honneur, avant de la céder dignement à la jeune génération d'où on a du reste encore du mal à voir son successeur attitré. Bien entendu, les contempteurs de Rigobert Song Bahanag ne manqueront pas de souligner que c'est le célèbre numéro 4 était encore au marquage d'Arjen Robben, à l'origine du but de victoire des Hollandais jeudi dernier. Ils s'étaient déjà acharnés sur l'homme, coupable d'une erreur personnelle qui coûta la victoire aux Lions indomptables en finale de la Coupe d'Afrique des nations 2008 devant l'Egypte. Si la mémoire de certains ne sait retenir que les faillites humaines et les ratés (certains ne voulaient-ils pas brûler la maison de Wome Nlend pour avoir raté un penalty qui coûta la qualification au Mondial 2006, oubliant que c'est le penalty du même joueur qui nous offrit la médaille d'or olympique en 2000 ?), le fait d'insister chaque fois sur ces grandes erreurs mont r mentales de Song Bahanag, lesquelles se comptent néanmoins sur les doigts d'une main, porte encore témoignage de ses grands mérites. Car, que pourrait-on en réalité reprocher à un joueur qui a flanché trois ou quatre fois en 137 apparitions sous le maillot de son pays ? En effet, le palmarès collectif et individuel du joueur ne peut inspirer que le respect Formé à l'Ecole de football des Brasseries du Cameroun (1ère promotion en 1991), passé par Red Star de Bangou, Rigobert Song connaît sa première sélection alors qu'il évolue depuis quelques mois seulement dans Tonnerre de Yaoundé ; c'était en fin 1993 lors d'un match amical contre le Mexique. Depuis lors, il ne s'est plus jamais assis sur le banc de touche des Lions indomptables, du moins jusqu'à l'arrivée de Paul Le Guen en juillet 2009, disputant sa première Coupe du monde en 1994 à 17 ans, conduisant en tant que capitaine emblématique l'équipe du Cameroun à la double victoire à la Can en 2000 et en 2002, avec une prestation personnelle époustouflante lors de l'édition 2000 ponctuée par le dernier tir au but victorieux en finale contre le Nigeria, au Surulere Stadium de Lagos même, le 11 février 2000. En remplaçant Nicolas Nkoulou (quelle inversion de scénario!) à la 73ème minute de Cameroun-. Hollande, il termine ainsi sa brillante carrière internationale en devenant le premier footballeur africain à disputer quatre Coupes du monde H994, 1998, 2002 et 2010). Au niveau des clubs, Rigo aura été un véritable globe-trotter„ ayant porté le maillot de pas moins de dix clubs dans six pays différents : Cameroun (Red Star Bangou, Tonnerre de Yaoundé), France (Metz, Lens), Italie (Salernitana), Angleterre (Liverpool, West Ham), Allemagne (Cologne), Turquie (Galatasaray, Trabzonspor). Il n'a pas eu la chance d'évoluer dans un grand club, si ce n'est pendant une saison à Liverpool, et dans une moindre mesure en quatre ans à Galatasaray, ne remportant que la Coupe de la ligue en France avec Metz, la coupe et le championnat de Turquie avec Galatasaray et Trabzonspor. «Pour avoir une longue carrière internationale, le joueur doit avoir une condition physique irréprochable», estime l'expert sud-africain en médecine sportive, Ross Tucker, interrogé par City Press. Ce profil correspond parfaitement à Rigobert Song, qui aura été très rarement blessé. Son arrivée précoce et son exceptionnelle longévité au haut niveau ont fait croire à certains qu'il était trop vieux et qu'il aurait dû arrêter sa carrière depuis sa bourde de la finale de la Can 2008. De tels arguments prospèrent facilement au Cameroun, pays où l'émotion et la passion sont généralement débordantes. Or, pendant ce Mondial des adieux brouillés à Rigo, on a vu Cannavaro régner en maître dans la défense italienne et Nwanko Kanu mener ses troupes avec vista contre la Corée du Sud.




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