Cameroun - Riposte: Sous le feu des critiques en raison de sa relation avec Emmanuel Macron, Achille Mbembe dénonce «des attaques» émanant «d’individus paumés, qui ont raté leur vie»

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 23-Aug-2022 - 07h03   8923                      
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L'écrivain camerounais Achille Mbembé, le 12 juin 2011 à Saint-Malo lors du festival "Etonnants voyageurs" AFP/Archives/CYRIL FOLLIOT
L’universitaire camerounais a répondu à ses détracteurs dans une interview publiée sur le site Internet de Jeune Afrique lundi après-midi.

C’est un secret de polichinelle. L’implication d’Achille Mbembe dans l’œuvre de refondation de la relation entre la France et l’Afrique n’est pas toujours vue d’un bon œil. L’universitaire camerounais, connu pour ses dénonciations répétées les affres du néocolonialisme dans son pays,  se voit  accusé de renoncement. Il est  considéré par nombre de ses détracteurs comme un « traître » pour avoir accepté de devenir la cheville ouvrière, la tête pensante du sommet Afrique-France organisé l’an passé à Montpellier en France sous l’impulsion du président français Emmanuel Macron. La présence de l’intellectuel africain dans les bagages de ce dernier lors de sa récente tournée africaine a davantage renforcé les critiques et l’hostilité de nombre d’Africains envers l’enseignant de  l’université de Witwatersrand (Afrique du Sud). L’un de ses procureurs les plus virulents est sa compatriote Calixthe Beyala. Voici ce qu’elle postait à la veille du tout premier séjour du président français au Cameroun : « Macron arrive au Cameroun avec des artistes françafricains, des journalistes françafricains et dans son sous-sol l’atout majeur de la Françafrique : Achille Mbembe. Achille Mbembe le françafricain est celui qui a aidé Macron a organisé le cirque de Montpellier où ils ont tenté de corrompre la jeunesse africaine. Il est aussi  celui qui essaie de convaincre les occidentaux de mener une guerre réelle contre le Cameroun et d’autres pays, pour chasser dit-il,  les dictateurs. Nous savons ce que ces interventions ont fait de la Libye ou de l’Irak ».

 Le 2 Août 2022, l’historien camerounais Edouard Bokagne portait à son tour la charge. « Achille a ainsi relancé la machine de notre recolonisation. Et de fort belle manière, puisqu'il vient dans l'avion du Sieur Macron. Quoi que soit ce qu'Achille nous propose, vient d'un monde qui, fondamentalement, nous méprise. Pour qui, ces cinq cents dernières années, nous fûmes des moujiks attelés à bâtir sa prospérité : comme esclaves de leurs champs et ouvriers de leurs chantiers ; sous l'indigénat, le fouet, l'opprobre, battus et humiliés. Qui ces gens-là sont, Achille le sait, puisqu'il en a parlé. Prétend-il qu'ils aient changé ? Quand donc ont-ils changé ? Et lui-même, Achille, qui prétend n'avoir pas changé ; en quel jour cette France qu'il nous amène s'est-elle réconciliée avec son UPC ? Où se trouve encore le jeune intellectuel révolté, dans le costume de l'apparatchik sexagénaire que la Françafrique a retourné ? Car enfin, cette France, dans un monde qui se transforme, se sent plutôt veuve et, telle une vipère, hiberne et fait peau neuve », avait-il posté sur Facebook.

Achille Mbembe a répondu à ses détracteurs dans une interview publiée sur le site Internet de Jeune Afrique l’après-midi du 22 Août 2022. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il  n’y est pas allé de main morte. « Il y a deux catégories de réponses à mes prises de position théoriques et publiques. D’une part, il y a des attaques, parfois ad hominem, des tentatives d’intimidation ou de chantage, voire, dernièrement, des menaces plus ou moins voilées. Elles viennent souvent d’individus paumés, qui ont raté leur vie et qui, pour expliquer leurs misères, convoquent toutes sortes de boucs émissaires. D’autre part, il y a des critiques d’autant plus bruyantes qu’elles sont oiseuses et sans objet. À l’origine de ce vacarme se trouvent souvent des gens qui ne cherchent pas à réfléchir aux vrais enjeux, qui ne les comprennent pas ou si peu, ou qui s’ennuient. Alors qu’ils pourraient consacrer leur énergie à construire des idées, des projets, que sais-je, ils préfèrent tout démolir. C’est tellement plus facile ! Colonisant les réseaux sociaux à longueur de journée, ils jouent le rôle de petits ayatollahs et insultent ciel et terre », a asséné l’historien et politologue. .

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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