Amobe Mevegue : si cette calomnie persiste j'entame une procedure judiciaire

Par Ange-Simone Ngom Priso | Cameroon-Info.Net
Yaoundé - 17-Jun-2005 - 08h30   60998                      
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Une voix sur RFI, un visage sur TV5, une plume dans Afrobiz, une singularité vestimentaire, mais surtout un nom à forte connotation identitaire : Amobe MEVEGUE. Seulement l’interactivité que revendique cameroon-info.net a permis à un tiers d’usurper le nom du journaliste pour fustiger le ministre de la culture…
Eté comme hiver, Amobe se pare crânement des signes ostentatoires de son africanité. Une particularité vestimentaire qui crisperait moins ses détracteurs s’il n’avait ce franc parler au leitmotiv si agaçant: Afrique. Eh oui, il est de ces petites fourmis qui bâtissent dans l’ombre le socle indispensable à la renaissance du continent mère, mais sa notoriété est un couteau à double tranchant. En effet, si Amobe s’en sert pour mener à bien le combat de sa vie, d’autres y ont recours pour le discréditer. Et cette fois Cameroon-info.net a servi de supportà cette usurpation. Nous avons rencontré l’homme de média. Légitimement en colère, il accuse, dénonce, menace. Magneto… Cameroon-info.net : S’il était possible de résumer Amobe Mevegue en quelques mots. Comment vous présenteriez vous à nos internautes? Amobe MEVEGUE : Je dirais que je suis un citoyen d’Afrique qui a la chance d’utiliser depuis de nombreuses années les supports internationaux audiovisuels pour communiquer, à travers la production d’émissions de radio, de télé, de publication périodiques de presse. Je suis donc un Africain de la diaspora, un militant panafricain engagé pour contribuer à édifier de meilleurs jours pour cette jeunesse africaine. J’ai eu la chance d’être surmédiatisé grâce à plusieurs émissions en concomitance sur plusieurs réseaux internationaux (RFI, TV5, CFI, MCM, 3A Telesud, etc..). Et j’espère modestement qu’à travers ces différents média j’ai pu donner une impulsion positive. Cameroon-info.net : Certains ne prennent même plus la peine de cacher leur agacement face à votre singularité vestimentaire et patronymique. Comment et pourquoi Alain Mevegue est-il devenu Amobe Mevegue ? Amobe MEVEGUE : C’est tout simplement par la force des choses. Je pense qu’il faut quitter sa maison pour se souvenir que finalement on y était bien. Je suis un enfant de la diaspora. A mon avis ce n’est pas un hasard si le panafricanisme n’est pas né en Afrique mais dans la diaspora avec des Marcus Garvey, William DuBois, etc… Ces personnes qui ont été sorties de leur terre originelle pour être déportées dans les Caraïbes ou les Amériques ont eu ce besoin viscéral d’un retour vers elles-mêmes, vers leur terre matrice. De la même manière, né au Cameroun d’un père Eton et d’une mère Manguissa, je suis arrivé en France à l’âge de cinq ans et suis fier aujourd’hui de parler parfaitement ma langue maternelle. J’ai dû me reforger une identité ici parce que être Africain est une construction de tous les jours. Je suis quelqu’un d’ouverture, je parle plusieurs langues et ai des amis de toutes les nationalités et couleurs de peau. Mais j’ai dû me rendre compte qu’il y avait un mensonge originel, en réalisant que nous sommes les seuls êtres au monde à porter des noms qui ne renvoient pas à nos ancêtres, à parler des langues qui ne sont pas les nôtres, et à accepter ce dictat permanent sans commencer à bâtir pour les générations futures un pont avec la tradition de notre continent. Beaucoup de choses vont mal parce que nous avons fait une rupture avec les ancêtres, or la cosmogonie africaine veut qu’il n y ait pas de différence entre le monde des vivants et celui des morts. A mon avis si je peux (sans vanité) affronter les mastodontes dans un domaine aussi compétitif et fermé aux africains c’est parce que je me suis forgé une identité propre. Je ne vois pas pourquoi nous serions les seuls à ne pas nous parer d’une étoffe qui trouve ses racines dans notre terroir. Il est donc normal qu’en tant qu’Africain je porte un nom qui renvoie à mes ancêtres sans aucune agressivité pour les autres postérités humaines. l’Eton que je suis parle le Douala, mange du Mbogo, s’est réapproprié le patronyme de ses ancêtres…et c’est dans la logique du discours que je tiens à travers les média depuis des années. Je suis donc devenu Amobé en réponse à un appel, c’était une construction identitaire indispensable pour être en paix avec moi-même, car on ne peut prêcher une chose tout en étant son contraire. Cameroon-info.net : La raison qui nous réunit ce jour est l’imposture dont vous êtes victime sur notre site. Dans une réaction à l’article intitulé CMC: Sam Mbendè chef d’orchestre, un usurpateur insulte le ministre de la culture sous la signature d’Alain Mevegue et provoque ainsi l’étonnement des internautes qui vous alertent immédiatement … Amobe MEVEGUE : Je suis profondément scandalisé qu’on puisse usurper mon identité à des fins dont j’ignore la nature. J’oppose un démenti formel à ce qui a été dit en mon nom, je ne me suis jamais prononcé sur cette question. Premièrement parce qu’on ne m’a pas sollicité, deuxièmement parce que je me considère d’avantage comme un médiateur. Aussi ma seule contribution remonte à quatre ou cinq ans où j’ai gracieusement prêté mes bureaux de Montreuil en région parisienne, afin que se tiennent les premières réunions d’un noyau de réflexion (Toto Guillaume, Tom Yom’s, Sam Mbende, etc…) sur la répartition et la restitution du droit d’auteur camerounais. Personnellement je suis triste parce que le Cameroun est grand pays de culture…en tout cas perçu comme tel à l’extérieur. Alors de voir le niveau auquel on a placé le débat sur une question aussi essentielle que la culture et globalement les œuvres de l’esprit qui non seulement peuvent générer des millions de dollars comme aux USA ou en Europe, mais surtout nous représentent dans le monde… Internet est un formidable outil mais qui malheureusement permet à certains de s’approprier une identité pour salir, dénaturer un propos, un esprit etc… Cette réaction est celle d’un usurpateur qui habiterait Lausanne en Suisse. Je vis à Paris et espère pour celui-ci et pour tous les autres que cela va s’arrêter là, sinon je me réserverai le droit d’entamer une procédure judiciaire. J’appelle également l’équipe de Cameroon-info.net (que je félicite au passage pour le travail qu’elle abat) à d’avantage de vigilance, afin que les injures ou invectives soient censurées, elles dénaturent la qualité des forums de CIN. Cameroon-info.net : Le militant que vous êtes ne se contente pas de dénoncer l’hypocrisie de l’occident ou de la France des paradoxes, il agit concrètement pour sortir l’Afrique de cette paupérisation à travers des concepts tels que le PASS ou encore FAMOUS. Pouvez-vous nous en parler ? Amobe MEVEGUE : Je n’ai pas une vue monolithique de la question Africaine. Je ne pense pas que c’est d’un côté la faute des blancs, des français, et de l’autre les noirs qui sont tous des anges, frisent la perfection et sont des victimes. Quand il faut chicoter dans notre camp je ne m’en prive pas, parce que malheureusement les gens ne font aucun effort pour s’abreuver à la source du savoir. Ceux qui fossoient d’ailleurs le devenir de la jeunesse africaine sont majoritairement issus de ce continent. Je ne citerai pas les noms des Kelmann et autres qui agitent le spectre de la médiocrité, il y en a d’autres à plusieurs leviers des rouages des sociétés africaines. Je me considère comme un privilégié qui gagne bien sa vie, et a la chance de voyager au moins deux fois par mois dans toutes les capitales africaines. Ma contribution citoyenne et active, a donc été de créer certaines structures que vous pouvez retrouver sur le site www.afrobizmagazine.com. Le Pass est le Pacte d’Action des Synergies Solidaires et Famous est le Festival Afrique-Asie à Monaco pour les Œuvres Universelles de Solidarité. Ces structures renvoient à l’idée que les acteurs du développement de la vie culturelle peuvent avec les hommes d’affaires, à coté des institutionnels et des Etats, générer beaucoup d’argent et conforter ainsi une interface du mieux être pour les populations pauvres. J’ai invité des sommités mondiales de la médecine, de l’environnement, de la musique, des intellectuels, des scientifiques, des investisseurs, des créateurs, des artistes, etc… pour récolter des fonds permettant d’encourager les dynamiques de création d’entreprises qui s’appuient sur le développement durable. Nous sommes en train d’ouvrir des bureaux d’abord en Afrique de l’ouest parce qu’elle a l’avantage de faciliter la mise en place des structures, contrairement à L’Afrique centrale. Il faut qu’on arrête de raconter des histoires à la majorité, nous devons entrer dans le capital et la compétition, l’argent est effectivement le nerf de la guerre. La mondialisation réunit tous et chacun excepté l’Afrique qui n’est actrice de rien du tout et n’a même pas une souveraineté monétaire, alors qu’elle est dépositaire de quelques clés de ce monde. On ne demande rien aux Etats, il est louable que le président Lula fasse la démarche de se rapprocher de l’Afrique, qu’il y ait une vraie rencontre avec l’Asie, mais notre démarche est de dire aux citoyens Africains de prendre leur destin en main. Contrairement à ce disent les esprits chagrins, la société civile africaine a beaucoup à faire. Encore une fois, il ne suffit pas de vivre dans la contemplation, de pérorer et clamer sur tous les toits son panafricanisme, il faut le vivre au quotidien par des actions comme celles-ci. Cameroon-info.net : A ce jour avez eu des retombées concrètes de ces initiatives ? Amobe MEVEGUE : Absolument ! J’ai réuni autour de moi les grands patrons français de la grande distribution et les multinationales tels que Le groupe Accor, Leclerc, Intermarché, Super U, etc…Nous sommes en train de mettre sur pied une vraie interface entre ceux du continent et de l’Europe, dans le but de réduire la fracture sociale en créant des entreprises qui génèrent réellement des emplois. Ça peut ressembler à un discours de capitaliste rébarbatif, mais par la force des choses je le suis devenu ; Parce que l’Africain ne peut être dépositaire d’un continent qui regorge des matières premières les plus recherchées du monde et attendre que l’assistanat vienne le nourrir. Ça passe donc par la compétition, que ceux qui le peuvent se battre le fassent, que les autres se taisent. Cameroon-info.net : On change complètement de sujet tout en restant à Monaco où Famous s’est tenu en présence du Prince Albert qui défraie actuellement la chronique. Info ou intox, que vous inspire l’indignation générale suscitée par l’éventualité que du sang nègre vienne entacher la sacro sainte royauté occidentale? Amobe MEVEGUE : J’interviens sur votre site aujourd’hui parce que j’ai été victime de calomnie, je suis donc très prudent avec la manipulation des média. Si vous allez sur le site Afrobizmagazine.com vous verrez que le secrétaire général de la fondation Princesse Grâce de Monaco est un Africain, un congolais. Tout ce que je peux vous dire c’est que le Prince Albert est une personnalité que je respecte énormément, c’est un homme au grand cœur, est très attaché à l’essor de l’Afrique. Vraie ou fausse rumeur, je crois qu’il doit énormément souffrir actuellement, c’est une cette atteinte à sa vie privée. Cameroon-info.net : Mais au-delà de Monaco, l’humaniste que vous êtes qui sillonne le monde en luttant pour que cessent les barrières raciales n’est –il pas découragé devant le scandale dû à la seule crainte que du sang nègre puisse souiller la royauté occidentale ? Amobe MEVEGUE : Je ne suis pas pour le repli communautaire, mais soyons réalistes : on n’est pas chez nous en Europe! Je ne suis pas de ceux qui revendiquent la Normandité, la notion d’universalité telle qu’elle est posée me semble complètement stupide. Comment peut-on concevoir de s’entendre dire que l’Africain doit se débarrasser de tout son passif culturel pour avoir l’immense privilège d’accéder à l’universalité, alors que celle-ci doit au contraire être la somme de toutes les spécificités ? Mais comme à chaque fois qu’il s’agit de l’Afrique on a affaire à une vision eurocentrée qui consiste à globaliser notre continent, à imputer l’erreur d’un africain à tout le continent, mais jamais le pendant inverse pour l’Europe. Il faut se donner les moyens de sortir des caricatures. J’ai eu une réunion dans ce sens avec le Patron du groupe Accor Afrique, pour initier une opération qui va mettre en avant le potentiel extraordinaire des créateurs africains. Vous allez voir que désormais dans les hôtels du groupe Accor en Afrique, on va utiliser les ressources locales via les entrepreneurs du terroir pour faire les draps, couvertures et autres. On va par exemple distribuer à des familles africaines des moustiquaires imprégnées dès le mois de septembre, grâce à des partenaires que nous avons mis en réseau. Nous apportons notre soutien à certains étudiants des capitales africaines en formant des formateurs qui eux-mêmes formeront ceux là qui seront le soutien des familles demain. Ce sont des actes essentiels, mais qui sont boudés pour laisser le champ libre à la littérature asservissante des aliénés qui n’ont rien à voir avec les valeurs nobles de notre riche et majestueux continent. Cameroon-info.net : Ce combat vous le poursuivez également à travers le magazine dont vous êtes le Directeur de publication, Afrobiz. A son lancement il y a quatre ans les mauvaises langues lui prédisaient une vie plus qu’éphémère. Qu’en est il ? Amobe MEVEGUE : Afrobiz a eu des difficultés structurelles de logistique à un moment, je ne vous raconte pas les torpilles que nous avons reçu. Mais grâce au soutien de la jeunesse africaine qui reconnaissait dans les kiosques la qualité exceptionnelle de ce magazine, nous nous sommes affranchis et avons monté notre propre réseau de distribution. Pour un numéro tiré entre 30 000 et 50 000 exemplaires répartis sur l’Europe, l’Afrique et les USA, vous ne pouvez pas récupérer les invendus, ça coûte une fortune. On s’est par ailleurs rendu compte qu’on retrouvait sur le marché des Afrobiz non distribués par notre réseau. De là est venue la décision de gérer nous-mêmes toute la distribution Afrique à travers Afrobiznetwork qui par ailleurs crée des emplois locaux. Pour l’Europe nous avons signé un accord avec des grandes entreprises, et si vous cliquez sur le site afrobiznetwork, vous verrez comment nous contrôlons effectivement la distribution d’Afrobiz dans les capitales africaines. Cameroon-info.net : Vous vous réclamez ouvertement de Cheikh Anta Diop, quelles sont les autres personnalités qui vous ont inspiré dans cette démarche militante ? Amobe MEVEGUE : Très peu ont conscience que les évènements d’il y a quelques siècles en Afrique ont des conséquences sur notre affectivité, notre appréhension du monde, notre comportement intra africain. Comme la plupart des africains qui ont traversé la rivière je suis un miraculé, parce que eu égard à notre histoire on aurait dû soit disparaître soit tendre à l’auto-flagélation permanente. Je remercie tous les aînés, souvent des anonymes parce que je passe beaucoup de temps avec tous ces anciens qui sont des Cheikh Anta Diop ignorés ou moins connus. Et surtout toutes ces mamans qui portent le socle qui rattache l’Afrique à sa diaspora, je me suis abreuvé à la source de tous leurs savoirs. Egalement des personnes tel que Nelson Mandela, ou le cinéaste mauritanien Med Hondo qui est la voix française d’Eddy Murphy, un homme d’une vivacité intellectuelle au dessus de la moyenne. Je pense également toute la famille JAH des rastas établis au Bénin, et évidemment la clique habituelle qui est désormais une lapalissade : Georges Padmore, Kwame Nkrumah, Um Nyobe, Frantz Fanon, etc…Ils sont très nombreux, mais j’ai également la chance d’avoir à mon actif des dizaines de milliers d’interviews, de David Bowie à Myriam Makéba...Toutes mes rencontres m’ont nourri, mais aujourd’hui mes lumières sont ces jeunes acteurs du développement de l’Afrique. Cameroon-info.net : Quels sont les livres que vous recommanderiez à la jeunesse africaine aujourd’hui? Amobe MEVEGUE : Je lui dirais de commencer par la totale de Cheikh Anta Diop, c’est la base parce que beaucoup d’Africains ne savent pas qui ils sont. Ils savent par contre qu’on est en 2005. Mais de quoi ? De quel calendrier ? D’où ? Avant nous il y avait qui ? On était où ? Ceux qui habitent là étaient-ils là il y a 5 000 ans ? Ça nous renvoie forcément à l’Egypte antique, la matrice civilisationnelle à laquelle tout africain qui se réveille le matin doit s’amarrer, à l’instar de la civilisation occidentale qui repose sur la Grèce ou la Rome antiques. Nous devons nous rattacher à notre foyer qui a illuminé (et de quelle manière), l’humanité entière pendant des millénaires ! Cameroon-info.net : Un dernier mot pour les internautes de cameroon-info.net ? Amobe MEVEGUE : Le Cameroun est un grand pays. Malheureusement un pays de gaspillage, d’extrême excellence, et d’extrême médiocrité. Nous avons tous une contribution à apporter pour que ce pays et à travers lui notre continent soit un espace idyllique pour la majorité. Mais tout commence dans la cellule familiale, par le comportement qu’on a vit de sa femme, ses enfants, sa mère, sa fratrie…C’est seulement ensuite qu’on peut le reproduire à l’échelle d’une nation. Que les ancêtres vous accompagnent !




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