Cameroun - CHAN 2020/Jacques Zoua: «Mon patriotisme n’a pas de prix (...)  je me dois de faire mon devoir vis-à-vis de mon pays»

Par Yannick A. KENNE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 14-Jan-2021 - 10h09   6202                      
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Jacques Zoua archives
Le capitaine des Lions A’, très peu disert depuis son arrivée en sélection, s’est volontiers confié à la presse ce mercredi 13 janvier 2021 dans le repaire de l’équipe à l’hôtel Mont-Febé. Le champion d’Afrique 2017, dont le choix de redescendre d’une marche a surpris plus d’un, a évoqué les raisons et les circonstances qui l’ont conduit à opérer ce choix dans un moment où il ployait sous le poids des propositions de contrats en Europe.

Cameroon-Info.Net (CIN): Dans quelques jours vous allez disputer le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) avec le Cameroun. Qu’est-ce que cela représente pour vous qui êtes un footballeur professionnel ?

Jacques Zoua (J.Z.) : Enorme pression. Obligation de résultat. Au regard de mon statut dans l’équipe, je n’ai pas le droit de commettre la moindre erreur. Vous savez, le public camerounais est très exigeant. A côté de cela, il y a le fait que notre gouvernement, notamment le chef de l’Etat, a consenti d’énormes sacrifices et de moyens financiers pour que notre pays puisse accueillir cette compétition. Le CHAN est certes une forme de répétition générale avant la Coupe d’Afrique l’année prochaine, mais cela veut aussi dire que l’enjeu est double pour nous : nous devons réussir au plan de l’organisation et réussir aussi au plan des performances sur le terrain. Personnellement, c’est un honneur pour moi de prendre part à ce rendez-vous.

CIN : Vous avez été champion d’Afrique avec l’équipe fanion en 2017. Au plan professionnel, vous revenez d’une longue carrière en Europe. Comment en êtes-vous arrivé à vous retrouver dans l’équipe nationale A’ qui va justement disputer ce CHAN ?

J.Z. : L’histoire est un peu longue et malheureusement je ne peux pas évoquer tous les détails. Quand la pandémie du Coronavirus fait son apparition, beaucoup de pays en Europe ont été obligés d’arrêter les championnats. C’était le cas en Roumanie où j’évoluais avec le club du FC Viitorul. Après une longue période d’inactivité, j’ai pensé qu’il était préférable pour moi de venir au Cameroun auprès des miens, le temps que la crise sanitaire s’estompe. J’arrive au pays et quelques temps après je résilie mon contrat avec Viitorul qui proposait de modifier les termes dudit contrat. Finalement, quand les pays d’Europe se décident à relancer les championnats, je commence à recevoir des coups de fil d’agents de joueurs et même des offres de quelques clubs notamment en Turquie, en Suisse, en Roumanie et en Arabie Saoudite.

Or, alors que je prends du temps avec mes conseils pour voir laquelle des offres serait la meilleure, je suis contacté par le superviseur de l’équipe nationale locale monsieur Gweha Ikouam qui est un homme que je respecte beaucoup. Il me dit : Jacques, ton pays a besoin de toi pour le CHAN. On a discuté et je lui ai dit que j’allais réfléchir. Je ne réalisais pas ô combien il était sérieux. Après lui, j’ai reçu d’autres appels du staff technique et aussi de certaines personnalités me demandant de sursoir à ma carrière en Europe et de rejoindre l’équipe nationale pour le tournoi. Sans réfléchir j’ai donné mon accord ; parce qu’on ne dit pas non à son pays. Vous savez, un joueur de l’équipe nationale est comme un soldat ; quand on a besoin de lui, il se doit de répondre présent.

J’en ai discuté évidemment avec ma famille et mon entourage. Certains n’étaient pas très emballés. D’aucuns m’ont dit : penses à tout l’argent qui t’attends en Europe, en jouant le CHAN tu peux faire une croix dessus. Mon choix était fait. Mon patriotisme n’a pas de prix. C’est un gros sacrifice en effet, mais je me dois de faire mon devoir vis-à-vis de mon pays. C’est pourquoi j’ai accepté de rester au Cameroun afin de disputer ce CHAN. Seulement, il faut qu’on reste lucide : ce n’est pas parce que je suis là que nous allons automatiquement gagner. C’est sur le terrain que nous devons à présent nous battre.

CIN : Jusqu’où le Cameroun peut-il aller dans ce tournoi ?

J.Z. : Le plus loin possible. Le premier objectif, c’est de remporter le match d’ouverture contre le Zimbabwe. Ensuite, il sera question pour nous de passer le premier tour et d’atteindre les quarts de finale. Nous visons le trophée, mais avant, il y a la phase de Groupes. Nous allons y aller pas à pas, prendre un match après l’autre. Toute l’équipe est concentrée et déterminée. Nous sommes prêts physiquement et mentalement. Nous allons nous donner à 1000 %.

CIN : Vous parlez de remporter des matchs, mais ce n’est pas ce qu’on a vu lors du récent tournoi amical organisé à Yaoundé [le Cameroun ayant concédé deux défaites et un nul]…

J.Z. : Les matchs amicaux ont un but précis : c’est de permettre aux équipes de juger leur niveau, de voir ce qui marche bien et ce qui l’est un peu moins. Le staff technique et nous les joueurs avons beaucoup appris de ces matchs amicaux. Nous avons eu le temps de corriger certaines choses qui auraient pu passer inaperçues si on avait remporté tous ces matchs. Vous savez, quand il y a la victoire, on oublie facilement de regarder ce qui n’a pas marché. Je ne me réjouis pas de nos défaites, mais du fait qu’elles nous ont permis d’améliorer notre préparation. Je lance à cet effet un appel aux supporters camerounais. J’invite notre public à rester souder derrière l’équipe, ne jamais nous abandonner ou se retourner contre nous si le but ne vient pas rapidement. Nous avons besoin de tout le monde, nous avons besoin du public au stade et des fans derrière leurs petits écrans. Nous avons besoin de ressentir des ondes positives autour de nous. De notre côté, nous promettons de faire un très bon tournoi. 

Interview réalisée par Yannick A. KENNE 

 

Auteur:
Yannick A. KENNE
 @yanickken39
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