
A l’époque, le candidat du MRC à la récente élection présidentielle était Doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Yaoundé II. Maurice Kamto fera son entrée dans le gouvernement (ministre délégué auprès du ministre de la Justice) moins de deux mois plus tard, c’est-à-dire en décembre 2004.
Cette année-là, Paul Biya avait largement été réélu avec 70,92% des voix devant son principal opposant d’alors, John Fru Ndi, 17,40%. Une élection qui avait, comme d’habitude donné lieu à de vives contestations de l’opposition qui dénonçaient des irrégularités. Le 26 octobre 2004, le Pr Kamto, agrégé de droit signe un éditorial dans les colonnes du quotidien Mutations.
En voici un large extrait « La Cour Suprême statuant comme Conseil Constitutionnel a arrêté et proclamé les résultats de l'élection présidentielle du 11 Octobre 2004. On en connaît le vainqueur, exit donc la bataille des chiffres. Car pour ceux qui sont attachés à la légalité républicaine, les décisions de cette auguste juridiction sont comme des dogmes. Non pas qu'on y puisse déceler parfois quelques scories; mais notre système juridique pose pour principe immuable, qu'en disant le droit, la haute juridiction, tel le Pape, est habité par la grâce d'infaillibilité. C'est pourquoi, elle parle no varietur, une fois pour toutes et ce qu'elle arrête et proclame est sans recours », disait Maurice Kamto.
Cette position rattrape le leader du MRC 14 ans plus tard. En effet, la Code électoral dispose en en article 136 que « « Les décisions du Conseil Constitutionnel relatives aux opérations électorales, aux résultats des élections et aux candidatures ne sont susceptibles d'aucun recours ».
Or, après la proclamation des résultats par cette haute juridiction, lesquels résultats donnent Paul Biya vainqueur avec 71,28%, Maurice Kamto, arrivé 2è avec 14,23% a annoncé qu’il allait contester la victoire de son adversaire « par « tous les moyens de droit ».
Les uns et les autres se demandent dès lors quels sont ces moyens de droit. Pour ses détracteurs, c’est du pain béni. « Voilà le juriste Kamto quand il n'était pas politicien démagogue. Voilà qu'il connait bien le droit mais tente de tromper le peuple », a réagi sur sa page Facebook l’avocat Jean De Dieu Momo, ancien opposant désormais allié à Paul Biya.
Fred BIHINA