Cameroun - Liberté de la presse: La sécurité des journalistes camerounais préoccupe

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 23-Sep-2019 - 18h33   3170                      
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Dans un rapport qu’elles ont réalisé de façon conjointe les organisations ADISI-Cameroun et Africa Freedom of expression exchange font savoir que leur situation se dégrade depuis 2017.

 

Il est de plus en plus difficile d’exercer le métier de journaliste au Cameroun depuis 2017. Le rapport analytique que vient de produire les organisations ADISI Cameroun et Africa Freedom fait savoir qu’entre janvier 2017 et janvier 2019, une douzaine de journalistes camerounais ont été arrêtés, intimidés ou menacés par des acteurs étatiques et non étatiques dans le pays. Ceci, lit-on dans le document, serait en grande partie dû aux troubles en cours dans les régions anglophones du Cameroun.

 

Le rapport indique que la crise qui a débuté à la fin de l’année 2016 « a entraîné de graves violations des droits de l'homme dans cette zone. Notamment des perturbations prolongées du réseau internet, des arrestations, des détentions arbitraires de journalistes,  de dissidents et même des meurtres ». L'année 2018 qui a vu se dérouler l’élection présidentielle a été « particulièrement » difficile pour la liberté de la presse en général et la sécurité des journalistes au Cameroun.

 

Pourtant, « le droit à la liberté d'expression et son corollaire l'accès à l'information sont garantis dans la Constitution du Cameroun ainsi que dans des mécanismes régionaux et internationaux que le gouvernement camerounais a signés et même ratifiés ». Au niveau domestique, plusieurs textes s’invitent au travail du journaliste. Notamment la loi

1990 sur la Communication sociale au Cameroun qui en son article 6 consacre la liberté de

presse. Deux textes sur le Code de déontologie et l’éthique cohabitent néanmoins. Celui signé par le Premier Ministre de l’époque, Achidi Achu et celui de l’Union des Journalistes du Cameroun (UJC). Des codes de conduites des journalistes ont été proposés aussi bien par des organisations de la société civile que par les professionnels de médias eux mêmes. Ce sont des codes qui tiennent du contexte à l’instar  du code de bonne conduite des

journalistes en période électorale etc.

Le rapport rappelle aussi qu’au niveau régional et international, il existe un certain nombre de textes ou de cadres qui régissent le travail des journalistes au Cameroun. Il s'agit notamment de la Charte de Munich du 24 novembre 1971 concernant les droits et devoirs des journalistes travaillant dans le pays.

Parmi ces textes observés par les journalistes camerounais de façon non exhaustive, il y a la

Charte de Munich du 24 Novembre 1971 portant sur les droits et devoirs du journaliste

considéré comme la Bible du journaliste.

Le contexte politique, la crise dans les régions anglophones, la guerre contre Boko Haram et la montée des discours haineux sur les réseaux sociaux ne sont pas toujours pour faciliter la tâche aux journalistes. Même si, souligne le rapport, « de façon tangible l’on ne peut démontrer que ces situations étaient à la base des violations des libertés de la presse, le caractère exceptionnel peut pour autant s’y prêter ».

 

Le rapport a recensé « 10 journalistes qui ont vu leur liberté d’accès à l’information

et d’expression violée ou atteinte par la force publique pour des motifs divers. Le principal motif étant politique ». Ce qui amène ses auteurs à penser que les tensions et crises post-électorales que traversent dès lors le pays, n’épargnent  pas les journalistes. L’on peut lire que « les journalistes qui exercent dans ces parties du pays sont régulièrement la cible des groupes séparatistes et même du gouvernement. En effet, des journalistes qui y travaillent craignent pour leur vie. Ils font régulièrement l’objet de menaces et d’intimidation de la part des autorités locales et même centrales voyant parfois des programmes de leur média suspendus sur ordre. Les séparatistes ne sont non plus en reste. Les journalistes sont régulièrement la cible de leurs menaces. Attaquant de ce fait, leur indépendance ou les forçant à être les vecteurs de leurs informations/propagande de guerre visant le gouvernement ou l’opinion ».

D’autre part, l’étude signale que  plusieurs médias en ce moment au Cameroun, subissent sur les réseaux sociaux, des attaques violentes des citoyens à cause de leur ligne éditoriale. Z=Elle cite le cas d’Equinoxe émettant depuis Douala « taxé à tort ou à raison de ternir l’image du pays. Plusieurs internautes où ce media diffuse parfois en live ses programmes, s’élèvent pour demander sa suspension.Tout comme

Vision4 Télévision émettant depuis Yaoundé taxé à tort ou à raison de soutenir le pouvoir de

Yaoundé et d’être à l’origine des discours dangereux/haineux. Même la sortie de son promoteur, Jean- Pierre Amougou Belinga dans une note datée du 26 Avril 2019 recadrant ses journalistes en les appelant à prôner le vivre-ensemble, n’a pas calmé l’ardeur des citoyens ».

Les cas de 14 journalistes malmenés sont aussi cités.  L’on apprend ainsi que les villes de Douala, Yaoundé, Bamenda Kumba, Buea sont les villes où les journalistes ont été le plus arrêtés, interpellés où menacés.

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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