Cameroun - Opinion - MRC - Crise Anglophone: Au nom du sang versé inutilement le 1er octobre 2017, l’organisation d’un dialogue politique national ne peut plus être différée

Par Maurice KAMTO, MRC | Correspondance
YAOUNDE - 09-Oct-2017 - 03h41   11333                      
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Maurice Kamto a Bamenda (25/06/2016) Archives
Le 1er octobre 2017 restera dans l'histoire politique de notre pays comme un dimanche noir. L'unité de notre Nation a été remise ouvertement en cause. Plusieurs morts, de nombreux blessés et d'importants dégâts matériels ont été enregistrés, bref, le sang, le feu, les larmes ont été le lot des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.

Le 1er octobre 2017 restera dans l'histoire politique de notre pays comme un dimanche noir. L'unité de notre Nation a été remise ouvertement en cause. Plusieurs morts, de nombreux blessés et d'importants dégâts matériels ont été enregistrés, bref, le sang, le feu, les larmes ont été le lot des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Toutes ces vies perdues ou brisées auraient pu être épargnées et le coup de canif dans l'unité du pays évité si le Gouvernement ne s'était pas enfermé dans une logique de pourrissement de la situation par le refus d'un dialogue constructif avec les leaders de la contestation anglophone. Le MRC condamne cette attitude irresponsable et tient le Gouvernement pour comptable à la fois des victimes enregistrées et de la grave fissure faite dans l'unité du Cameroun.

Le MRC exige l’ouverture d’une enquête indépendante pour établir les responsabilités politiques et opérationnelles, le bilan exact des victimes, et pour clarifier les cas des personnes portées disparues lors de ce drame qui était évitable.

Jusqu’à la veille du 1er octobre 2017, le MRC a imploré le Gouvernement de tout faire pour éviter une confrontation entre les forces de sécurité et de défense d'un côté et les populations de l'autre. Constatant qu’après un déplacement inopportun à New York, le Président BIYA avait déserté à l’approche de la date fatidique du 1er octobre de tous les dangers pour le pays, le MRC a suggéré au président du Sénat et à celui de l’Assemblé Nationale de constituer une DELEGATION PARLEMENTAIRE DE PAIX pour aller, en urgence, à la rencontre des compatriotes anglophones. Le but d'une telle Délégation aurait été alors de préparer le terrain pour un dialogue sincère en vue de la recherche des solutions aux causes profondes des problèmes politiques légitimes posés par les Anglophones.

Malheureusement, pas plus que les précédentes, cette ultime proposition du MRC n’a pas été entendue. Il faut rappeler que dès le début de la crise, notre parti, qui avait très tôt cerné l'ampleur du défi et les risques corrélatifs, avait recommandé un dialogue national sincère et inclusif au cours duquel les causes profondes - et non plus les conséquences - du problème anglophone seraient traitées dans toutes ses dimensions. Il a été raillé et moqué par des thuriféraires du régime arrogant, pour qui seules la force et la répression étaient la réponse adéquate aux frustrations et revendications politiques des populations du Nord-ouest et du Sud-ouest.

Au-delà du rejet du dialogue politique proposé sans relâche par le MRC, un cabinet occulte mis en place en urgence a même tenté de faire prospérer la thèse fumeuse selon laquelle j'instrumentaliserais les frustrations des Anglophones pour renverser le pouvoir dans le cadre d’une insurrection populaire. Cette thèse farfelue et ridicule est partie comme elle est venue.
 
A la suite du MRC, plusieurs autres partis politiques, des organisations nationales et des personnalités, des pays amis du Cameroun et des organisations internationales (ONU, Union Européenne) ont prôné la tenue d’un dialogue politique avec les contestataires. En vain!

Fidèle à sa tradition, le régime a préféré la confrontation au dialogue. Bien plus, il a instrumentalisé certains « média » pour distiller la haine et les divisions parmi les Camerounais. Ainsi, sur prescription, les partisans du dialogue ont été diabolisés et présentés comme des ennemis de la patrie. Et, les faucons du régime se sont lancés dans la préparation de la confrontation, manifestement désirée. En choisissant de se focaliser uniquement sur l’extrême minorité des activistes sécessionnistes au lieu d'écouter les problèmes politiques posés par une vaste majorité des populations anglophones qui revendiquent simplement une place dans la République, le Gouvernement s’est effacé pour laisser le champ libre aux entrepreneurs du pire.

Sur le tard, les va-t-en-guerre du régime semblent enfin découvrir que la seule et unique démarche pour trouver une solution durable à ce problème qui met à mal notre destin commun en tant que nation est le DIALOGUE. Il est indispensable, inévitable, incontournable. Ceux qui le diffèrent en choisissant de verser d'abord et inutilement le sang des Camerounais Anglophones seront responsables devant la Nation et devant l'histoire.

Donc, le dialogue politique semble désormais faire une certaine unanimité dans le pays. Mais, le MRC constate que l'actuel Gouvernement est désormais disqualifié pour résoudre cette crise. Le Président de la République a déserté, les membres de son Gouvernement sont discrédités et le Parlement est impuissant.

Il est donc temps pour la Cour suprême-Conseil constitutionnel de déclarer la vacance du pouvoir, afin de permettre au pays de renouveler ses dirigeants et de se doter de nouvelles institutions aptes à résoudre la crise et à faire face aux nombreux problèmes et défis auxquels le pays est confronté.
 
Le Président National du MRC
Maurice KAMTO
Yaoundé le 08 Octobre 2017

 

 

Anglophone crisis: A call for an immediate National Political Dialogue after the senseless bloodshed on the 1st October, 2017

October 1, 2017 will go in the political history of our country as a black Sunday. The unity of our nation has been openly questioned. Several deaths, many injuries and important material damages were recorded; in short, blood, fire, tears was the price paid by citizens of the Northwest and Southwestern Regions of Cameroon. All these lost or broken lives could have been saved and the threat of the unity of the country avoided if the Government had not decided to let the situation become worse by rejecting a constructive dialogue with the Anglophone leaders. The CRM condemns this irresponsible attitude and holds the Government accountable for both registered deads and the serious threat on the unity of Cameroon.

The CRM requests that an independent inquiry be put up, to establish the political and operational responsibilities; the exact number of victims and to clarify cases of persons missing in the recent tragedy in the northwest and southwest regions.

Until the eve of October 1, 2017, the CRM had implored the Government to do everything possible to avoid a confrontation between security and defense forces on the one hand and populations on the other. Observing that after an untimely travel to New York, President BIYA had deserted his people, just a few days to the fateful October 1st 2017, despite the insecurity that was eminent in the country. The CRM suggested to the Presidents of the Senate and the National Assembly to form a PARLIAMENTARY PEACE DELEGATION to urgently go and meet our anglophone compatriots.. The purpose of such a Delegation would have then been to prepare the ground for a sincere dialogue to find solutions to the deep causes of the legitimate political claims by Anglophones.

Unfortunately, this latest proposition by the CRM was not accepted. It should be recalled that at the outbreak of the crisis, our party the CRM, which had quickly understood the magnitude of the crisis and the  risks involved, had recommended a sincere and inclusive national dialogue in which the root causes - and not just consequences - of the anglophone problems would be dealt with in all  aspects.  But the arrogant and privileged few of the Regime laughed at us, thinking that only force and repression were the adequate response to the frustrations and political demands of the populations of the northwest and southwest regions.

Besides the rejection of the CRM's relentless call for a political dialogue, a secret cabinet was set up urgently, that carried out a support to the smoky rumour that, I was planning to use the frustrations of the Anglophones to overthrow the Regime in a popular revolt. This ridiculous rumour is gone as it came.

After all these, the CRM and other political parties, national organizations and personalities, friendly countries of Cameroon and international organizations (UN, European Union) advocated a political dialogue with the protestors but these equally fell on deaf ears!

As usual, the Regime preferred confrontation to dialogue. Moreover, it has instrumentalised certain "media" to distill hatred and divisions among Cameroonians. Thus, with the regime orders, those who prone dialogue were demonized and presented as enemies of the fatherland. And, some overzealous officials of the regime have embarked on the preparation of confrontation that they thought appropriate. Their focus being the extreme minority Anglophones who were tagged secessionists, rather than paying attention to their political claims as expressed by the vast majority of Anglophone populations, who are simply requesting to be considered as part of the Republic.

Later on, the regime's war-lords have finally understood that the only and only way to a lasting solution to this problem, which undermines our common destiny as a nation, is DIALOGUE. It is indispensable, inevitable, and unavoidable. But the government and his acolytes who have being postponing this dialogue, only to unnecessarily shed the blood of Anglophone Cameroonians, will be accountable to the nation and to history.

It now seems that we have all unanimously realised that political dialogue is the sole option. But, the CRM notices that the current government is now unable to resolve this crisis. The President of the Republic has deserted, members of his Government have been discredited by the people and the Parliament is equally powerless.

It is therefore time for the Supreme Court-Constitutional Council to declare the vacancy of power in order to allow the country to renew its leaders and to set up new institutions capable of resolving the crisis and to deal with the many problems and challenges facing the country.

The CRM National President
Maurice KAMTO
Yaounde, 8th October 2017

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