Les faits relatifs à l’élection présidentielle barrent la une de tous les journaux locaux.

En attendant la publication des résultats définitifs par la Cour suprême agissant en lieu et place du Conseil Constitutionnel, les analyses et commentaires portent sur les premières tendances rendues publiques depuis lundi soir. A ce sujet majeur, s’ajoute le regard des rédactions sur la situation des Lions indomptables qui ont obtenu un nul à l’arraché en fin de semaine dernière face à la sélection nationale du Soudan. Présidentielle de 2004: un mot sur le déroulement du scrutin De l’avis des observateurs internationaux et nationaux, le scrutin du 11 octobre s’est déroulé dans le calme. Au cours du premier point de presse qu’il a donné lundi soir, le ministre d’Etat chargé de l’administration territoriale et de la décentralisation «s'est félicité des bonnes conditions dans lesquelles s'est tenue l'élection présidentielle». Marafa Hamidou Yaya a dit ne relever "aucun incident" de nature à remettre en cause ses résultats. Les envoyés spéciaux de L’Action confirment ce constat à travers les reportages effectués à Yaoundé, Bertoua, Ngaoundéré, Maroua, Douala, Buéa, Bafoussam et Ebolowa. Ici et là, "les électeurs, bravant parfois quelques difficultés se sont rendus aux urnes dans une ambiance détendue. Malgré la stratégie de tension entretenue par le SDF". De son côté, Cameroon Tribune estime que les citoyens ont accompli leur devoir civique en toute «sérénité et transparence». Mutations ne partage pas cette lecture du déroulement du scrutin. A la une de son édition de ce mardi, on peut lire ce gros titre: « Irrégularités! » En réalité, à travers le récit de ses envoyés spéciaux dans les 10 provinces, ce quotidien fait état des «nombreuses défaillances du ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation du phénomène des votes multiples et de l’impuissance de L’Onel». Dans le même sens, Le Messager parle d’une « grosse farce ». Le quotidien de Pius Njawé a collecté quelques clichés qui montrent que le scrutin a connu des problèmes d’organisation. A Douala, par exemple, l’encre n’était pas toujours indélébile ; les échos qui parviennent de Foumbam, du reste confirmées par Le Popoli, font état de ce que le sous-préfet et vingt gendarmes ont voulu disperser une foule de militants, probablement de l’Udc (parti de Adamu Ndam Njoya) dans le cadre de leur ronde pour s’assurer du bon déroulement du scrutin . Ceux-ci se trouvaient au bureau de vote N° 19, près du sultanat. Les premières tendances placent Paul Biya loin devant ses concurrents… En attendant l’officialisation des premiers chiffres publiés, écrit L’Action, «Paul Biya est en pole position». Sans controverse, Le Popoli note que «Biya gagne contre Biya». Cette victoire était comme écrite sur les astres. Alain Blaise Batongue dans la lettre de Mutations affirme également que «Tout semblait avoir été préparé d'avance, et nous avions bien relevé la "qualité" de ce cirque autour de l'élection présidentielle où, des 46 acteurs initiaux, le ministère en charge de l'organisation matérielle des élections a ramené le nombre définitif à 16, lui-même réduit à 13 à la veille du scrutin. Les prévisions les plus optimistes ont quand même été battues en brèche». Dans les développements de cette actualité, La Nouvelle Expression démontre que Paul Biya « triomphe sans gloire ». Malgré tout, The Post constate que le Rdpc et le Sdf - les deux formations politiques qui pour le moment sortent du lot – publient chacun de son côté des résultats qui finalement sont contradictoires. La meilleure attitude à observer est celle que propose Cameroon Tribune. Cette publication pense que le scrutin terminé «place maintenant au Conseil constitutionnel» Rien ne sera définitif avant que la Cour suprême siégeant en lieu et place du Conseil constitutionnel ait statué sur les résultats qui lui parviennent au fur et à mesure. Prudence donc ! Quelques réactions des candidats… Les premières réactions sont à lire dans The Post et Mutations. John Fru Ndi qui vient en deuxième position dans le décompte des suffrages valablement exprimés indique que son parti ne se laissera plus faire cette fois. «Le chairman du SDF entend défendre ses droits jusqu’au bout. Et former bientôt son gouvernement» Garga Haman Adji de l’Add conteste les premières tendances. Selon lui, l’Alliance pour la démocratie et le développement (Add) est la deuxième force politique dans la province de l’Extrême-Nord. Il en est de même de Jean Jacques Ekindi qui dévoile clairement ses intentions en ces termes: «Nous nous retrouverons devant la barre». Le candidat du Mp, qui a appelé à voter pour John Fru Ndi, était écœuré de retrouver ses bulletins dans les bureaux de vote. Un autre candidat qui a la dent dure vis-à-vis de l’administration territoriale, c’est bien Anicet Ekane. Il déclare: «Nous nous soumettons au tribunal populaire». Le candidat du Manidem pense que le peuple doit s’organiser pour ébranler «la dictature du Renouveau» Au-delà de la mascarade, reconnaît Yondo Black, le candidat du Msnd croit qu’il a réussi à passer son message. «Les responsables rendront compte devant l’histoire» conclut-il. Pour sa part, Djeukam Tchameni, l’un des candidats ayant désisté à la dernière minute est formel: «Nous ne reconnaîtrons pas le futur président» Relayant le communiqué de presse publié par Adamau Ndam Njoya, Le Messager rapporte que le candidat de la Coalition s’élève contre le ministre de l’administration territoriale et de la centralisation et la Crtv qui ont annoncé des résultats de l’élection présidentielle en violation flagrante des dispositions de l’article 98 de la loi n°92/010 du 17 septembre. Pour lui, «Cette manœuvre a pour seule fin d’influencer les travaux des commissions départementales de supervision et de préparer l’opinion publique nationale et internationale à accepter les résultats d’un scrutin émaillé de fraudes et de graves irrégularités». Faits et gestes des acteurs sociaux Etoudi. La course vers le Palais de l’Unité a son côté pittoresque. De ce point de vue, Le Popoli indique que le cortège de Massayo (ministre Joseph Owona) a enregistre trois morts pendant la campagne électorale. A Douala, ce journal satirique présente l’échec du maire de Douala V en ces termes: "Foning sans culotte à Bépanda". A Bana, dans la province de l’Ouest, Le Messager évoque le phénomène des charters protégé par les forces de l’ordre. D’après Mutations, la délégation départementale du ministère du tourisme du Nyong et Kelle (province du Centre) a été le théâtre d’une chaude altercation entre un membre de la coalition et le responsable de la campagne du Rdpc. Ce dernier a saisi le préfet pour constater comme il l’explique, le fait que la coalition continuait de battre campagne en essayant de corrompre les électeurs avec des billets de 1000 FCFA. Diplomatie. Selon Le Messager, la commission mixte Cameroun-Nigeria se tiendra le 21 octobre à Abuja une réunion consacrée à la péninsule de Bakassi. Fait majeur à relever ici "le budget pour financer l’appui de l’Onu à cette commission sera revu à la baisse à hauteur de 580 700 dollars". Cela est dû au fait que la rémunération des 32 observateurs civils est à présent calculée sur la base de 6 500 dollars mensuels au lieu de 12 000 dollars initialement comme annoncé. En Vie. A en croire Cameroon Tribune Eto’o Fils a échappé de justesse à la mort. Le n°9 des Lions indomptables s’est remis de l’accident de circulation dont il a été victime en fin de semaine dernière. Pour les plus superstitieux, ajoute Le Popoli, Eto’o serait victime d’une sorte de retour de la manivelle. L’on affirme qu’il serait à l’origine du « blocage ngrimbatique » de Joseph Désiré Job au sein des Lions. Le but inscrit par ce dernier au Soudan relance de plus belle cette polémique. Sport: les Lions indomptables dans une mauvaise posture La cinquième et dernière journée de la phase aller des éliminatoires conjointes Can et Mondial 2006 a été laborieuse pour Rigobert Song et ses coéquipiers. Juste un nul devant le Soudan alors qu’il fallait une victoire écrasante. Cameroun 1 - Soudan 1, ce score est pour Global Football la preuve que « Les Lions son à la traîne…une prestation et un résultat qui vont accentuer la dégringolade des Lions vers le bas du classement des valeurs de la hiérarchie mondiale de la Fifa ». Honoré FOIMOUKOM, chroniqueur sportif du Messager, reconnaît que « Ce nul cause un gros préjudice aux Lions Indomptables. Car, avec la victoire de la Libye sur l’Egypte (2-1) à Tripoli vendredi 8 octobre et celle de la Côte d’Ivoire sur le Bénin (1-0) dimanche 10 octobre (but de Aruna Dindane) à Cotonou, le Cameroun voit l’écart se creuser davantage avec ses principaux challengers du groupe 3 » « Schäfer en panne d’inspiration ? » s’interroge Cameroon Tribune. Dans son analyse, Emmanuel Gustave Samnick de Mutations est plus incisif : « Tout ceci, propose-t-il, est le résultat des errements tactiques permanents, d’une gestion hasardeuse de l’effectif (Mboma, Wome, Idrissou, Kameni, Emana, Ndiéfi…) et d’une absence totale de fonds de jeu. Comme si cela ne suffisait pas, et profitant des embrouilles administratives à répétition autour de la sélection, le technicien allemand en vient même à refuser des matches amicaux négociés pour les Lions indomptables. Dans la Bundesliga, le championnat de son pays d’origine, son haut fait serait d’avoir détecté quelques joueurs allemands de valeur dont le gardien Oliver Kahn…Et le match Soudan-Cameroun de samedi nous réconforte davantage dans l’idée que Winfried Schäfer est en train de conduire les Lions indomptables vers une élimination programmée».