La question de la succession de Paul Biya à la tête du Cameroun préoccupe. Son successeur plus encore. Le nom du fils aîné du président camerounais revient depuis quelques semaines dans les conversations, sur les réseaux sociaux et dans la presse. Un mouvement prétendant soutenir une éventuelle candidature de Franck Biya à la magistrature suprême se déploie sur Internet depuis quelques semaines. Jeune Afrique consacre un sujet sur la question cette semaine. Les hommes politiques Banda Kani (président national du Nouveau Mouvement Populaire) et Robert Mouthé Ambassa (membre du Comité Central du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) invités à débattre, ce 27 avril 2021 sur Radio Balafon, ont eu la même réaction sur le sujet.

Banda Kani pense que l’appel à Franck Biya est l’œuvre de pontes du régime craignant de perdre leurs privilèges quand Paul Biya ne sera plus là. «Certains lobbies de Yaoundé préparent Franck Biya. C’est un vieux projet», dit-il, ajoutant que cela se fait «contre la volonté du président Biya». Il poursuit en déclarant que les auteurs du projet étaient prêts à tout pour le voir réussir. «Il était même question à un moment donné pour ces groupes-là d’assassiner le président», affirme l’ancien dirigeant du MANIDEM. «Il y a des lobbies à Yaoundé qui estiment que le Cameroun doit leur appartenir sur 100 ans. Je dis bien sur 100 ans. Le temps qu’ils meurent leurs enfants seront là et tout. Ils ont volé beaucoup d’argent dans ce pays. Ils ont fait des choses qui les empêchent de dormir. Et pour être en sécurité, il faut qu’après le président Biya, ils placent quelqu’un qui non seulement va les protéger eux et leurs familles, mais s’assurer de leur prospérité sociale. Tout cela avec la bénédiction de Paris. Parce que tous ces gens sont des pro-français. Il y a des réseaux franc-maçons, rosicruciens, ceux qui mélangent la tradition, la franc-maçonnerie», argumente Banda Kani. Parlant de la succession dynastique, il pense que «si les Camerounais sont des moutons, ça réussira. S’ils ne le sont pas, ça ne réussira pas». Il soutient que les dynamiques populaires ainsi que Dieu peuvent «brûler cela». Pour lui, «c’est aux Camerounais de dire s’ils veulent ou non d’une succession dynastique».  

Bien qu’il estime que «tout Camerounais qui a tous ses droits civiques peut être président du Cameroun y compris Franck Biya», Robert Mouthé Ambassa martèle que «le RDPC n’est pas concerné par ce qui se passe en ce moment avec les franckistes. Franck Biya lui-même n’est pas concerné. Il n’a aucun contact avec tous ces gens. Il ne les connaît même pas. Il observe», clame-t-il en expliquant qu’«il y a des gens qui sont à la tête de certains mouvements pour des ambitions personnelles parce qu’ils pensent que derrière ça, ils peuvent avoir des retombées. Il y a des groupes qui se sont formés», indique le militant du parti au pouvoir.

Il rappelle cependant que Franck Emmanuel Biya est conseiller de son père «depuis toujours» et souligne sa proximité exceptionnelle avec le pouvoir. «Je pense que Franck Biya qui est né et qui a grandi au sein du pouvoir est le Camerounais le plus expérimenté même indirectement pour une fonction comme celle-là. Quelqu’un qui est né dans le pouvoir, même s’il ne l’exerce pas, il est marqué par le pouvoir. Il connaît même mieux le pouvoir que tous les autres», assure Mouthé Ambassa, qui  pense que si les mécanismes constitutionnels sont respectés et que Franck Biya aille aux élections et les remporte, il ne sera «pas contre ça».