Douala: Le choléra refait surface

Par Dippah Kayessé | Mutations
- 14-May-2004 - 08h30   63187                      
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En trois jours, 55 nouveaux cas ont été enregistrés, dont cinq décès.
Après la tempête… ce n’est pas toujours le beau temps. La résurgence du choléra dans la ville de Douala ces derniers jours en est une parfaite illustration. Ainsi, ceux qui ont pensé que l’épidémie du choléra qui a défrayé la chronique dans la métropole économique au début du mois de février dernier était passée avec son cortège de malheurs ont eu tort. Le vibrion cholérique vient de reprendre du poils de la bête semant, ainsi dans les esprits de grosses inquiétudes. " Il était encore tôt de parler de la fin de l’épidémie. De telles épidémies sont généralement longues et harassantes, et c’est ce que nous vivons actuellement, parce que la garde avait été prématurément baissée. C’est dire que le choléra n’avait pas disparu de Douala, ville d’endémies. La maladie a ainsi évolué dans les normes. Puissent ces nouveaux cas nous permettre de lutter encore plus efficacement ", a déclaré Dr Fritz Ntoné Ntoné, directeur de l’Hopital Laquintinie de Douala. Le nouveau cri d’alarme a été véritablement donné dimanche 9 mai dernier, alors que les autorités de la délégation provinciale de la Santé publique entraient dans la vingtième semaine épidémiologique du combat contre la maladie. Ce jour-là, dans plusieurs centres hospitaliers de la ville, Laquintinie, Deido, Nylon, Bonassama, plus d’une dizaine de malades en provenance de divers quartiers de Douala ont été accueillis aux urgences. A leur arrivée, ils présentaient tous des symptômes du choléra, à savoir la diarrhée accompagnée d’interminables vomissements et de vives douleurs abdominales. Mis une fois de plus à l’épreuve, le corps médical et les autorités de la santé pour le Littoral, après toutes les vérifications, ont confirmé que ces cas de diarrhées étaient conformes à ce qu’on appelle en médecine une définition de cas. En conclusion, le choléra refaisait bel et bien sa réapparition dans la cité. Selon le rapport épidémiologique en date de mardi 11 mai 2004 et disponible à la Délégation provinciale de la Santé pour le Littoral, c’est depuis la 17ème semaine de lutte que le nombre de cas a connu une fulgurante augmentation, passant de 22 à 71 à la 19ème semaine. Il était donc clair qu’un nouveau pic se profilait à l’horizon. Comment donc comprendre la lenteur dans la réaction et la communication comme ce fut encore le cas en février dernier ? " Bien qu’il s’agisse d’un problème de santé, c’est également un problème social qui impose une communication assez coordonnée ", répond-on à la délégation de la Santé. " C’est à la fin de la dix neuvième semaine épidémiologique que la tendance s’est radicalement renversée. En trois jours, c’est-à- dire samedi, dimanche et lundi derniers, on a enregistré respectivement 17, 19 et 16 cas de maladie ", a expliqué Joseph Njoh, membre de l’équipe de coordination de l’épidémie à l’Hôpital Laquintinie. Toujours du même rapport, il ressort que 55 malades sont hospitalisés dans 07 formations sanitaires dont 30 à l’Hôpital Laquintinie. Les hôpitaux de Deido et de Nylon comptent chacun 07 malades. En somme, depuis janvier 2004, 1883 cas de choléra ont été enregistrés à Douala et ses environs, dont 28 décès. Vigilance Que le choléra refasse surface à Douala, comment pouvait-il en être autrement ? La capitale économique du Cameroun se distingue, pour certains quartiers, par un environnement notoirement insalubre. Le non respect caractérisé des règles élémentaires d’hygiène corporelle et environnementale, la forte promiscuité des hommes, constituent autant de facteurs réels qui favorisent le développement de la maladie. Le vibrion cholérique ne pouvait que trouver un terrain fertile pour son épanouissement. Plus un seul quartier de la ville n’est n’épargné par cette épidémie. Le foyer de ‘’Bépanda Peuple’’, point de départ de la maladie en février "s’est éteint". Cette fois, c’est à New Bell, 19 cas, Nylon, 10, Deido et Log Baba, 05, que l’épidemie s’est déclarée. A ce propos, dans les milieux médicaux, on exhorte les populations à plus de vigilance et à l’observation stricte des règles d’hygiène. Sur le plan médical, on assiste à un nouveau branle-bas dans divers centres hospitaliers de Douala. Il s’agit de la remise en fonctionnement optimal des centres de traitement, de la remobilisation maximale des équipes d’assainissement dans les quartiers, de l’intensification de la sensibilisation des populations et des enquêtes épidémiologiques à la recherche des modes de contamination et des éventuels nouveaux foyers.




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