Cameroun - Revendications: La Région de l’Adamaoua se dit marginalisée, l’élite envoie un mémorandum à Paul Biya  

Par Jean-M NKOUSSA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 16-Aug-2016 - 12h43   58326                      
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Un meeting politique dans l'Adamaoua Archives
Selon l’élite, la Région château d’eau du Cameroun qui contribue grandement au développement socio-économique du pays est ostracisé et ses ressortissants sont exclus, du moins, faiblement représentés dans la sphère de prise de décision.

Le document qui date du 31 juillet 2016 est publié intégralement dans les colonnes de L’Œil du Sahel du 16 août 2016. Cameroon-Info.Net reprend les grandes lignes de ce mémorandum.

«Le 30 avril 2013, le Cercle de Réflexion des Élites de l’Adamaoua (CREA) adressait un mémorandum au Chef de l’État pour dénoncer la marginalisation de leur Région. En substance, il est souligné dans ce document que la Région de l’Adamaoua, château d’eau du Cameroun, contribue grandement au développement économique du pays grâce à ses ressources agro-pastorales et au dynamisme de ses hommes d’affaires qui se distinguent particulièrement dans le transport, le commerce et l’industrie. Malgré ces atouts, ses ressortissants sont exclus de la gestion des affaires du pays. 

Depuis lors, cette situation n’a guère évolué et le silence réservé à cette revendication par les autorités témoigne sinon du mépris, du moins, de la défiance vis-à-vis des 1.015.627 habitants de cette Région. Notre démarche somme toute normale avait consisté à poser le problème au Chef de l’État qui, aux termes de la Constitution, ‘‘incarne l’unité nationale’’ et ‘‘Nomme aux emplois civils et militaires’’. 

Face à l’absence de réaction, et afin que nul n’en ignore, nous nous adressons à vous, élites de l’Adamaoua, investies pour certains de la légitimité des suffrages de sa population, et pour d’autres, de l’autorité de l’État ou du pouvoir traditionnel, afin de vous mettre face à votre conscience et votre responsabilité. C’est de votre devoir de faire prendre des décisions politiques pour que cesse cette injustice. Il est énoncé dans le préambule de la Constitution de notre pays que: ‘‘Tous les hommes sont égaux en droits et en devoirs. L’État assure à tous les citoyens les conditions nécessaires à leur développement’’. Ce principe consacré par notre loi fondamentale n’est pas respecté pour ce qui concerne notre Région au regard des constatations suivantes: 

Gouvernement

Le décret numéro 2011/408 du 09/12/2011 portant organisation du gouvernement, fixe en son article 4 le nombre de départements ministériels qui s’élève à 37 (…) Des 37 départements ministériels, 1 SEUL, celui des Marchés publics, est dirigé par monsieur Abba Sadou, ressortissant de l’Adamaoua, soit un taux de représentation de 2%. De même, parmi les secrétaires généraux de ces départements ministériels, figure 1 SEUL ressortissant de la région de l’Adamaoua, M Nyonweng Joseph, secrétaire général du ministère de la Forêt et la Faune. 

Le Gouvernement formé le 09/12/2011 et réaménagé en 2015 compte 60 membres auxquels il faut ajouter les secrétaires généraux de la Présidence et des services du Premier Ministre et leurs adjoints, le directeur du Cabinet Civil et son adjoint, soit au total 70 ministres. L’Adamaoua ne compte que 3 membres du gouvernement, d’ailleurs placés derniers dans l’ordre protocolaire (1 ministre délégué à la Présidence chargé des Marchés Publics, Monsieur Abba Sadou, un ministre délégué auprès du ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable, Monsieur Nana Aboubakar Djallo et 1 secrétaire d’État auprès du ministre des Forêts et de la Faune, Mme Koulsoumi Alhadji Épouse Boukar.

Entreprises 

Cette marginalisation s’observe davantage au niveau des entreprises publiques. Sur 97 entreprises publiques dont les dirigeants sont nommés par le chef de l’État, un seul, le directeur général de la SODEPA, Monsieur Koulagna Koutou Denis est ressortissant de l’Adamaoua. Cette entreprise en quasi-faillite, faute de moyens, dispose d’un capital social de 375 millions de FCFA. Son dépôt de bilan est retardé grâce aux subventions de l’État.

Au niveau des emplois, la situation n’est guère plus luisante. Sur 30.000 employés des sociétés à capitaux publics, l’Adamaoua compte 198 de ses ressortissants, dont 9 cadres, soit un taux de représentation de 0,66%. La marginalisation a atteint même les rangs de la représentation du peuple. Sur les 96 postes de l’Assemblée Nationale (membres du bureau, membres des groupes parlementaires, membres des bureaux des commissions...), l’Adamaoua n’a que Baoro Théophile, vice-président de l'Auguste Institution. 

Forces de défense et de sécurité

Au niveau des forces de défense, l’Adamaoua est la seule région qui ne dispose d’aucun Général sur un total de 37 Officiers Généraux que compte le pays. Les colonels se comptent sur les doigts d’une main (5) ; les plus anciens ont été massivement mis à la retraite pour empêcher notre région d’avoir un Général. À la police, on dénombre 3 Commissaires Divisionnaires sur les 93 que compte la DGSN. Au passage, il est à constater que l’Adamaoua n’a jamais eu un Délégué Régional de la Sûreté Nationale. 

Grandes écoles

Dans les grandes écoles (ENAM, EMIA, FMSB, Polytechnique, IRIC…), les recrutements organisés les 3 dernières années ont établi qu’à peine 1 % des ressortissants de l’Adamaoua ont pu y être admis. En réalité, c’est un procédé pernicieux, savamment appliqué, qui consiste à empêcher les enfants de l’Adamaoua de travailler dans l’administration pour malicieusement justifier, plus tard, leurs absences aux hautes fonctions de l’État… 

Au regard de ce qui précède, il est indéniable que la région de l’Adamaoua est victime d’ostracisme, voire d’apartheid, n’en déplaise à ceux qui trompent la population et dont les discours lénifiants et laudatifs en périodes électorales deviennent nauséabonds… 

De tout ce qui précède, à défaut d’envisager l’application stricte des quotas par Région pour les postes de responsabilité au sein de l’État, il y a lieu de se demander s’il n’est pas nécessaire d’instaurer le système fédéral qui semble être la panacée par rapport à l’Etat Unitaire sous sa forme actuelle, source d’injustices à cause de la centralisation excessive du pouvoir entre les mains d’une minorité égoïste et égocentrique». 

Ngaoundéré, le 31 juillet 2016

Pour le Cercle de Réflexion

des Élites de l’Adamaoua

Abo Hamadjouldé

 

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Auteur:
Jean-M NKOUSSA
 @jmnkoussaCIN
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