Cameroun - Affaire Ernest Obama/Me Claude Assira: «Demander au procureur de surseoir une procédure de placement en détention provisoire me paraît étonnant»

Par Yannick A. KENNE | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 26-Jun-2020 - 09h48   9232                      
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Me Claude Assira Archives
L'avocat au Barreau du Cameroun analyse juridiquement la demande de mise en liberté de l'ancien Directeur général de Vision4, et en émet des réserves.

Le confrère Ernest Obama a été libéré dans la nuit du jeudi 25 juin 2020, à la suite d'une demande formulée par son patron, Jean-Pierre Amougou Belinga, président directeur général de Vision4, au procureur général près la Cour d'Appel du Centre. Après sept jours de détention dans les geôles du Secrétariat d'Etat à la Défense (SED), l'ancien directeur général de Vision4 a retrouvé ses proches tard dans la nuit.

Cette libération a-t-elle respecté les principes requis en matière de procédure pénale ? Me Claude Assira, avocat au Barreau du Cameroun, y décèle des entorses au gré de son analyse publiée dans le quotidien Le Jour de ce vendredi 26 juin 2020. 

«Aucune autre personne, même pas le tribunal ne peut donner des injonctions au parquet, et en aucune façon un particulier, fut-il le plaignant. Demander au procureur général près la Cour du Centre, de surseoir une procédure de placement en détention provisoire me paraît étonnant. On n'a jamais vu une telle démarche aussi extentoire et légère entreprise par quelqu'un», analyse Me Assira. 

En clair, le procureur n'avait pas à s'exécuter à la demande de Jean-Pierre Amougou Belinga, si tant est que ce privilège est exclusivement réservé au ministre de la Justice, Laurent Esso, précise-t-il. 

«En l'état actuel de notre droit, la seule personne qui peut donner des ordres au parquet, c'est le Ministre de la Justice garde des sceaux, et dans certains cas le ministre de la Défense quand la procédure se déroule devant le tribunal militaire», renchérit-il.

A l'analyse de l'éminent avocat, tout porte à croire que le procureur a agi dans l'illégalité, et que son attitude cache mal l'assujettissement du pouvoir judiciaire à l'exécutif. 

Auteur:
Yannick A. KENNE
 @yanickken39
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