Cameroun - Communication autour du Covid-19/Alphonse Ateba Noa (Expert en communication): « En communication de crise, il ne faut pas créer le silence»

Par Alain G. KANGA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 16-Apr-2020 - 08h25   2432                      
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Alphonse Ateba Noa Interactiveconsulting
Ce professionnel de la communication a analysé la décision du ministre de la Santé Publique de ne plus communiquer sur le nombre de cas confirmés du Covid-19.

Pourtant très actif sur les réseaux sociaux, le ministre de la Santé Publique a surpris plus d'un en décidant de ne plus donner les chiffres sur la situation épidémiologique au Cameroun. Depuis lors, aucune raison n'a été évoquée.

Alphonse Ateba Noa, expert en communication, y voit à travers cette décision de Manaouda Malachie, l'envie de satisfaire une partie de l'opinion.

«Moi j'ai vu dans les réseaux sociaux, les gens qui demandaient au gouvernement d'arrêter ce décompte macabre. Et cette tranche de la population que le gouvernement a suivie»

Pour le stratège en communication, cette décision va à l'encontre dès règles élémentaires de la communication de crise.

«Nous sommes dans un cas de communication de crise. Et le B.A.B c'est de ne pas créer des silences. Lorsque vous créez des silences sur certains aspects de la crise vous laissez libre cours à d'autres parties prenantes de prendre la parole sur ces points là, et de pouvoir faire valoir leurs opinions. Et si vous revenez sur ce débat, vous faites un rétropédalage, et vous vous mettez en position défensive et cela devient encore beaucoup plus compliqué» analyse t-il.

La communication du gouvernement est désormais axée sur le nombre de décès et de cas guéris. Alphonse Ateba Noa y perçoit le désir de vendre l'espoir.

«Le gouvernement a décidé de communiquer l'espoir aux camerounais et non plus seulement la peur. Communiquer l'espoir pour calmer un peu la psychose, qui est générale au sein de la population et à amener les gens à comprendre que c'est une maladie et qu'elle se soigne. C'est un choix qui a été fait, moi personnellement je ne sais pas si ça va porter»

Les revers de la décision du patron de la santé sont de plusieurs ordres.

«Le premier revers serait vis à vis des partenaires techniques et financiers du gouvernement. Vis à vis de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) vis à vis d'autres pays qui veulent se rassurer que notre gouvernement est en train de faire des efforts, parce que c'est un problème mondial. Si eux, ils le règlent et que nous on ne le fait pas chez nous, il y aura des problèmes. Vous pouvez imaginer dans quel contexte le gouvernement est sous la pression de tous ces organismes et ces pays. Le deuxième revers est au niveau de la population. Elle va continuer à se poser des questions sur le nombre de personnes infectées. Et en l'absence d'une réponse officielle, il va émerger d'autres sources d'informations» 

Auteur:
Alain G. KANGA
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