Cameroun - Institut de Management Public: Viviane Ondoua Biwole limogée pour avoir affirmé qu’une femme allait succéder à Paul Biya

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 08-Mar-2019 - 07h46   12696                      
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Dr Viviane Ondoua Biwolé Archives
Suite à une réflexion publiée sur son blog, l’experte en management a été limogée de son poste de directrice générale adjointe de l’Institut Supérieur de Management Public (ISMP).

Elle a été virée juste quelques heures après la publication de son billet, intitulée «Une femme camerounaise pour succéder à Paul Biya». Dr Viviane Ondoua Biwole n’est plus la directrice générale adjointe de l’Institut Supérieur de Management Public (ISMP). Elle est remplacée par Jean Marcel Okeng, précise un décret présidentiel lu le 6 mars 2019, au journal de 13 heures du poste national de la CRTV.

La décision de Paul Biya est tombée quelques heures seulement après la publication de la réflexion de l’experte en management, sur la place de la femme dans la société camerounaise. «La place de la femme n’est plus à questionner. Si par le passé elle se réduisait à être une bonne femme au foyer et une excellente mère pour les enfants, cette conception est presque révolue.  On les retrouve dans toutes les sphères: politique, économique, sociale, armement, etc. Ces présences sont visibles aux postes d’influences tels que: Maires, Directeur Général, Présidente de chambre, Gouverneur, Ministre, Premier ministre, Chancelière, Capitaine d’armées; Vice-président et le plus important, le poste de Président de la République», a indiqué Mme Ondoua Biwole.

Celle qui est reconnue pour sa liberté de ton, a conclu son propos en affirmant que «Le débat sur la succession féminine du Président Biya est donc digne d’intérêt ! Alors mesdames, sentez-vous capables !». Une tribune publiée dans le cadre de la 34ème Journée Internationale de la Femme qui se célèbre ce 8 mars.

«La réflexion de Dr Viviane Ondoua Biwole a été très mal perçue par les dignitaires du pouvoir de Yaoundé», souffle une source dans l’appareil gouvernant. Il y a quelques jours en effet, la Une du journal panafricain Jeune Afrique, «Cameroun: Madame la présidente», avait suscité la controverse.

Notre confrère analysait l’influence grandissante de Chantal Biya dans les cercles du pouvoir. Yaoundé avait estimé qu’il s’agit d’une tentative de déstabilisation. «Publier cette tribune dans un tel contexte, est une erreur», note notre interlocuteur, qui croit savoir que le limogeage du Dr Ondoua Biwole est directement lié à cette affaire.

Ci-après, l’intégralité du billet à problème:

 

UNE FEMME CAMEROUNAISE POUR SUCCÉDER A PAUL BIYA

6 MARS 2019 

La place de la femme n’est plus à questionner. Si par le passé elle se réduisait à être une bonne femme au foyer et une excellente mère pour les enfants, cette conception est presque révolue.  On les retrouve dans toutes les sphères: politique, économique, sociale, armement, etc. Ces présences sont visibles aux postes d’influences tels que : Maires, Directeur Général, Présidente de chambre, Gouverneur, Ministre, Premier ministre, Chancelière, Capitaine d’armées; Vice-président et le plus important, le poste de Président de la République. En Afrique, l’on dénombre 4 présidentes et 6 Présidentes par intérim, en Amérique central et Caraïbes  4 Présidentes et 1 Présidente par intérim, en Amérique du Sud 4 Présidentes et 3 Présidentes par intérim, en Asie 11 Présidentes et 6 Présidentes par intérim, en Europe 13 Présidentes et 1 Présidente par intérim.

Le profil de ces femmes est connu. Elles sont compétentes dans divers domaines (économistes, journalistes, langues étrangères et relations internationales, sciences politiques, droit du commerce entre autres, toutes diplômées des universités). Elles sont jeunes (Kolinda Grabar-Kitarović Présidente croate née en 1968) et moins jeunes (Salomé Zourabichvili, Présidente de la Géorgie, née en 1952). Qu’il s’agisse de l’âge, de la qualification ou du parcours professionnel, plusieurs femmes camerounaises correspondent aux profils de ces femmes Présidentes.

Elles pourraient donc légitimement prétendre succéder au Président Paul Biya. Directeur, professeur, Maire, Députée, Ministre, femme de ministre ou femme du Président Paul Biya, aucune restriction légale ne les empêche de réaliser ce rêve. La récente polémique sur les prétendues ambitions de la première dame n’est donc pas «hors sujet» et les ambitions (qui lui sont prêtées) n’émeuvent pas les femmes si elles s’inscrivent dans le processus démocratique connu. Qui reprocherait à Mme Hilary Clinton de s’être présentée comme candidate à la Présidentielle des USA ?

Le débat sur la succession féminine du Président Biya est donc digne d’intérêt ! Alors mesdames, sentez-vous capables !

Bonne fête de la JIF 2019.

Fred BIHINA

Auteur:
Fred BIHINA
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