L’information est relayée par la presse. Depuis quatre mois, des employés de l’unité opérationnelle du comité de pilotage du complexe industrialo-portuaire ne perçoivent plus leur salaire. Dans son édition du 17 janvier 2017, Le Quotidien de l’Économie rapporte que les plaignants se demandent «s’ils sont punis pour avoir œuvré, avec les félicitations du Gouvernement, à la construction réussie de la seconde plateforme portuaire du Cameroun».

Un cadre de la mission rencontré par le quotidien raconte que le mois de décembre dernier a été le plus difficile à gérer à cause de cette situation. «C’était encore plus difficile pendant les fêtes de fin d’année. D’habitude nous organisions l’arbre de Noël pour les enfants des employés, mais cette fois, il n’y avait ni arbre de Noël ni salaire», a-t-il déclaré.

Comme on pouvait s’y attendre, la situation a créé un climat froid et tendu au siège de cette structure sis à Djeuga Apparts à Yaoundé et sur les quais vides du port à Kribi. A ce propos le quotidien dit qu’«il n’y a pas que de la mauvaise humeur dans les couloirs, il y a de l’angoisse pour les chefs de famille qui, depuis six ans, ont énormément donné pour que voit le jour l’une des plus belles réussites du septennat des «grandes réalisations».

Aussi, faut-il peut-être rappeler que le comité de pilotage qui a pour bras séculier l’unité opérationnelle a été créé par un arrêté du Premier Ministre du 11 juillet 2008. Ledit comité présidé par Louis Paul Motaze, le Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’aménagement du Territoire (MINEPAT), comprend les représentants de toutes les administrations appelées à jouer un rôle à un niveau ou à un autre, dans ce projet.

L’unité opérationnelle est placée sous la responsabilité d’un coordonnateur nommé par le Premier Ministre (PM). Son rôle dans cette unité que dirige Patrice Melom, un ancien de la primature, est de veiller à la bonne exécution des travaux de construction du Port en Eau profonde de Kribi. C’est l’entreprise chinoise China Harbour Engineering Company (CHEC) qui réalise les travaux.

Cependant, l’unité opérationnelle reste l’œil et l’oreille du Gouvernement grâce à une expertise qui forcera l’admiration. Comme preuve, Le Quotidien de l’Économie dit qu’«au bout de 36 mois comme convenu, c’est-à-dire à juin 2014, le chantier est livré. Coût total: 244 milliards de FCFA. Au sein du comité de pilotage, c’est la satisfaction du devoir accompli, mais aussi le début des incertitudes».

Fonctionnant sur les ressources publiques mises à disposition par le MINEPAT, l’unité opérationnelle se retrouve sans budget, mais avec un passif en termes de prestations non payées et de salaires non versés. L’analyse de cette ardoise faite par le quotidien fixe à près de 5 milliards de FCFA les fonds nécessaires pour solde de tout compte.

«Cet argent, d’après des sources proches du Ministère des Finances, est disponible, mais ne peut être viré au comité de pilotage que sur autorisation du Premier Ministre. Cette autorisation ne vient pas depuis quatre mois, ce qui explique que les salaires des employés soient devenus un vrai serpent de mer».