Cameroun - Recasement des sinistrés de Ngouache (Bafoussam): Après Samuel Eto’o, le journaliste Alain Foka tance Daniel Defonkou, le maire de Bafoussam 3e (Ouest)

Par Claude Paul TJEG | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 06-Mar-2020 - 17h10   9119                      
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Alain Foka Afrique Magazine
Le journaliste en service à la radio française RFI  s’est confié sur son mal-être chez nos confrères d’ABK radio.

Alain Foka est abasourdi. Vert de colère, il ne comprend pas la décision de Daniel Defonkou, le maire de Bafoussam 3e qui a décidé de suspendre la construction de 8 maisons destinées au recasement des victimes de l’éboulement de terrain qui a couté la vie à 43 personnes au quartier Ngouache à Bafoussam.

C’est que, ce projet baptisé «rebatir Ngouache» a été initié par ce journaliste en service à la radio française RFI. Aidé de certains de ses compatriotes comme l’ancien attaquant des Lions Indomptables du Cameroun, Samuel Eto’o, il voulait par cette initiative apporter sa contribution au soulagement des souffrances des sinistrés. Malheureusement le maire du 3e arrondissement de la capitale régionale de l’Ouest a dit niet! Arguant que les initiateurs du projet n’ont pas respecté les normes de construction. Une décision que le présentateur de l’émission «Archives d’Afrique» trouve incompréhensible et même ridicule.

«Pourquoi je suis en colère ? Les gens mélangent le politique, le social et l’humanitaire. Que l’on me retrouve en train de discuter avec le Maire de Bafoussam 3 que je ne connais pas, du plan des maisons, reconnaissez qu’il y a quand même quelque chose de pas normal. J’ai pris avec moi des amis qui sont de différentes origines pour venir aider des gens qui sont en souffrance, logés, parqués comme des animaux dans des endroits insalubres, des gens qu’on a oublié. J’ai été sensible au fait que l’Etat puisse déclarer d’utilité publique un endroit et que l’on puisse utiliser cet espace pour les reloger. Samuel Eto’o m’a dit tout de suite, on y va ! Sans demander où est-ce que ça se passe ? Sans demander qui sont ces gens ou quelle est leur tribu ? Quelques autres personnes aussi. On y est allé, et on a décidé de leur donner des cases de nos propres moyens, avec nos amis. Et tu rencontres un Maire qui sort de nulle part quelques semaines après, parce qu’il est vexé qu’on ne l’ait pas contacté, pour dire J’ai fait des plans. Mais tu fais des plans à des gens qui n’ont pas de moyens de construire une maison de 90 m2 chacun minimum, en leur faisant des plans comme s’ils devaient faire des villas. S’ils pouvaient faire des villas, ils n’auraient pas habité Ngouache. Qu’il tienne compte de la réalité ! Nous en avons largement discuté et je lui ai dit que je vais leur faire des cases de 60 m2 qui sont des espaces suffisants pour eux. Et quand on s’est séparé, il m’a dit «Okay je donne mon accord», a-t-il confié à nos confrères d’ABK Radio

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«Alors, que le Monsieur le Maire dise qu’on ne l’a pas contacté, il y a un souci. Je n’ai pas envie de verser dans la polémique, parce que je ne parle pas souvent des affaires du Cameroun, ça me rebute. J’ai juste envie de dire une chose : ces gens dont on parle, ils sont en souffrance et qu’on leur donne des maisons gratuitement. Ce qui énerve ces gens-là ! Quand je suis arrivé dans cette histoire, il y a eu une tentative de détournement de parcelle. Ils le savent très bien et je peux le prouver. Les parcelles qui ont été données, ils voulaient en garder quelques-unes entre le gouverneur, le préfet, le Maire lui-même et autres», a-t-il ajouté.

Ci-dessous l’intégralité de sa déclaration

Pourquoi je suis en colère ? Les gens mélangent le politique, le social et l’humanitaire. Que l’on me retrouve en train de discuter avec le Maire de Bafoussam 3 que je ne connais pas, du plan des maisons, reconnaissez qu’il y a quand même quelque chose de pas normal. J’ai pris avec moi des amis qui sont de différentes origines pour venir aider des gens qui sont en souffrance, logés, parqués comme des animaux dans des endroits insalubres, des gens qu’on a oublié. J’ai été sensible au fait que l’Etat puisse déclarer d’utilité publique un endroit et que l’on puisse utiliser cet espace pour les reloger.

Samuel Eto’o m’a dit tout de suite, on y va ! sans demander où est-ce que ça se passe ? Sans demander qui sont ces gens ou quelle est leur tribu ?

Quelques autres personnes aussi. On y est allé, et on a décidé de leur donner des cases de nos propres moyens, avec nos amis. Et tu rencontres un Maire qui sort de nulle part quelques semaines après, parce qu’il est vexé qu’on ne l’ait pas contacté, pour dire : « J’ai fait des plans. » Mais tu fais des plans à des gens qui n’ont pas de moyens de construire une maison de 90 m2 chacun minimum, en leur faisant des plans comme s’ils devaient faire des villas. S’ils pouvaient faire des villas, ils n’auraient pas habité Ngouache. Qu’il tienne compte de la réalité ! Nous en avons largement discuté et je lui ai dit que je vais leur faire des cases de 60 m2 qui sont des espaces suffisants pour eux. Et quand on s’est séparé, il m’a dit « Okay je donne mon accord »

Samuel Eto’o n’a rien à foutre de Bafoussam, ce n’est pas son village ; c’est la douleur des gens qui l’a interpellé.

Alors, que le Monsieur le Maire dise qu’on ne l’a pas contacté, il y a un souci. Je n’ai pas envie de verser dans la polémique, parce que je ne parle pas souvent des affaires du Cameroun, ça me rebute. J’ai juste envie de dire une chose : ces gens dont on parle, ils sont en souffrance et qu’on leur donne des maisons gratuitement. Ce qui énerve ces gens-là !

Quand je suis arrivé dans cette histoire, il y a eu une tentative de détournement de parcelle. Ils le savent très bien et je peux le prouver. Les parcelles qui ont été données, ils voulaient en garder quelques-unes entre le gouverneur, le préfet, le Maire lui-même et autres.

La deuxième chose que personne ne dit, c’est qu’il y a un délai accordé à ces villageois pour construire ces maisons. Ça veut dire que si dans 5 ou 6 mois (je ne sais plus quel délai…) ils n’ont pas construit, on leur retire les parcelles. Et qui va bénéficier de ces parcelles qui sont censées déjà avoir été attribuées ? Si ces villageois au bout ne peuvent pas construire, mais ces terrains vont revenir au Maire, aux autorités qui pourront en faire ce qu’ils veulent. A l’insu de tout le monde. Donc, si on essaye de vite construire, c’est pour installer ces gens-là sur leurs parcelles. Et on ne peut même pas installer tout le monde puisqu’ils n’ont pas de moyens. Modestement avec Samuel Eto’o, avec tous des amis, avec tous ces proches, on a décidé de prendre en charge la construction d’un certain nombre de cases.

Ce qui m’exaspère c’est qu’ils font comme si c’était une question de plan. Ce Monsieur n’a vu le plan que lorsqu’on le lui a présenté. Il n’avait jamais été là-bas au préalable. Il a découvert çà le lundi en arrivant sur place avec des gens pour détruire. Qu’il ait le toupet de dire que c’est à cause des plans, je trouve cela fort.

Mais ce que je ne dis pas aussi c’est que ce Monsieur s’est énervé contre moi en disant, pourquoi est-ce que j’ai remercié le Chef Bamoungoum d’avoir donné des terres? Il m’a rappelé que c’est lui qui donnait des terres, pas le chef Bamoungoum et qu’il n’avait rien à y voir. On est des africains, on est des bantous, la terre c’est le chef qui la donne. Surtout à l’Ouest du Cameroun. Je n’ai pas compris que le chef Bamoungoum était en concurrence avec son Maire. Je ne suis pas dans leur subtilité pour chercher à comprendre qui a fait quoi. Pour moi, il y a un chef Bamoungoum, les terres qui ont été données sont dans la chefferie Bamoungoum, donc il était logique pour Samuel Eto’o et moi d’inviter le chef traditionnel pour qu’il vienne à la cérémonie. Mais je paye cela aujourd’hui et personne ne veut le dire à haute voix.

Il s’agit d’une guerre entre eux ! Mais là où ça me fait encore plus mal, c’est que pendant ce séjour, j’ai vu le Monsieur de Congelcam en me disant, voilà quelqu’un de bonne volonté. Je lui ai demandé : qu’est-ce que tu fais pour les villageois ? Il me dit gentiment : « Ecoute Alain, j’ai déjà beaucoup fait. J’ai donné de l’argent ils ont bouffé, j’ai donné de l’argent au Gouverneur… » Il a même donné le montant. Si je m’étalais, il serait mal à l’aise. Il m’a dit : « Alain, pour le travail que tu fais, je vais te donner cinq cases soit 10 Millions de Fcfa que je vais te donner ».

Je lui ai dit « Non, je ne prends pas d’argent, moi je ne gère pas d’argent. Il a dit: « Je vais construire les cinq cases, et je vais construire des cases plus grandes. » Voilà pourquoi on lui a attribué les cases de ceux qui avaient des familles nombreuses. Il ne l’a jamais fait. Il ne répond plus à aucun appel. Et on le sait très bien, c’est eux-mêmes qui le disent, c’est les proches du Maire qui m’ont appelé pour me dire que celui qui est derrière c’est Congelcam. Je suis tombé d’un arbre quand j’ai appris çà. Je savais déjà que ce n’était pas très franc du collier, mais quand même !

« …les proches du Maire qui m’ont appelé pour me dire que celui qui est derrière c’est CONGELCAM. Je suis tombé d’un arbre quand j’ai appris ça… »

Des gens sont en train de crever, de dormir dans des conditions insupportables. Ceux-là même qui vont voter pour eux, ils ont un tel mépris que l’on se demande comment c’est possible ?

Si c’était un Maire qui n’était pas Bamiléké, qui disait «…je veux détruire ces cases », tout le monde aurait crié au tribalisme. Sauf que cette fois ce sont des enfants du village, qui refusent de loger les leurs. Nous qui construisons les cases, nous ne sommes pas du coin, parce que tout le monde dit oui c’est ton village… Ce n’est pas dans mon village que cela se passe ! Mais si je me mets à table, je pense qu’ils ne vont pas être très à l’aise. Je n’ai rien à foutre à Bafoussam, je n’ai pas de biens à Bafoussam, je vais à Bafoussam deux ou trois fois par an. C’est la douleur des gens qui m’a appelé ici.

Tous ces artistes qui sont venus. Comment peut-on dire un matin que NON, on n’a pas respecté ceci cela, et que pour des guéguerres intérieures, ils soient en train d’empêcher qu’on mette les gens dans leurs cases ? Si ce n’est pas de la haine, je ne sais pas comment on appelle ça. Alors je suis un peu dégoûte, surpris, désabusé, encore une maladie camerounaise. J’ai saisi ceux qu’il y a à saisir. On va attendre qu’ils réagissent. Que ce Monsieur arrête de dire sur les médias qu’il s’agit de plan. Il n’avait même pas vu les maisons avant. Quelqu’un m’a dit que Sylvestre de Congelcam ne veut pas que  ces logements soient à deux pas de chef lui, puisque c’est à 500 mètres, à vol d’oiseau de sa maison. L’histoire est la preuve même de la perte des valeurs dans notre pays. Aucune empathie pour ceux qui souffrent, aucune pitié pour ceux qui souffrent. Ceux qui ont de l’argent croient que tout est permis, et personne ne se penche sur ces personnes-là qui du jour au lendemain sont devenues multimilliardaires, et piétinent les autres”

 

 

Auteur:
Claude Paul TJEG
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