Cameroun - Répression: La Securite Militaire (Sémil) aux trousses des civils arborant une tenue militaire

Par Iris BITJOKA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 16-Aug-2017 - 21h06   20458                      
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Militaires camerounais Archives
La phase de sensibilisation achevée, les éléments de la sémil (sécurité militaire) sillonnent marchés et artères des villes du pays, pour traquer les individus en violation de la loi 82. Ces derniers qui une fois traduits devant le tribunal militaire, encourent jusqu'à 2 ans de prison. La pratique tolérée par le passé ne peut plus l'être en raison de la menace terroriste dont souffre le Cameroun explique le géo stratège Vincent Ntuda Ebodé.

Depuis pas mal d'années déjà, il n'est pas rare de voir des citoyens arborer fièrement des treillis militaires et autres camouflets de combat, à croire qu'il s'agit là de nouvelles recrues de ce corps de l'armée. Que non ! Ce sont bien des civils, et les raisons de leur choix vestimentaire sont plutôt variées.

Interrogés, certains répondent qu'ils sont membres d'une famille où frères et autres proches sont des militaires et donc n'hésitent pas à se servir dans leur garde-robe de temps en temps. Si d'autres confessent n'avoir pas eu vent de la mesure d'interdiction, d'autres encore avouent n'être que des fashions victimes car, ils affectionnent particulièrement couleurs et motifs militaires, et ont du mal à se faire à l'idée de ne plus devoir les mettre.

Pourtant il faudra bien se conformer, car le règlement général des forces de défense camerounaise proscrit le port des tenues militaires par des personnes étrangères à la grande muette.

À Bamenda dans la région du Nord-ouest, le commandant d'armes de la place, procède désormais régulièrement à des opérations de répression de la vente. Seulement, les camouflets de type sahélien comme de type forêt continue de s'arracher comme des petits pains, en dépit de quelques interpellations déjà effectuées pour remettre les uns et autres au pas." On achète le ballot de coupon tissu, ça sort souvent dedans. C’est 1800 FCFA le coupon. Quelques fois nous avons de vrais militaires qui viennent et s'approvisionnent. Mais nous ne commandons pas, c'est juste que quelques pièces peuvent être présentes dans le ballot de vêtements qu'on nous livre, on retrouve quelques fois pour les policiers aussi et même les gendarmes " confie un vendeur. Quoiqu'il en soit le port de la tenue militaire par un civil aujourd'hui est un délit, et le tribunal compétent en la matière est le tribunal militaire.

À Bertoua dans la région de l'Est aussi, les éléments de la sémil (sécurité militaire) sont à pied d'œuvre. Ils y procèdent au retrait systématique de tout effet militaire pouvant prêter à confusion (pantalons, tee-shirts, ceintures, casquettes, montres, chaussures, et autres.) La sécurité militaire qui a mis fin à la phase de sensibilisation à Bertoua est désormais sur le terrain, parcourant les marchés et artères de la ville pour la phase de la répression, la mise en application de la loi 82. Elle dispose en son article 4 qu'il est puni d'un emprisonnement de 3 mois à 2 ans et d'une amende de 50 milles à 2 millions de francs CFA, ou de l'une de ces peines, celui qui achète, vend, confectionne, distribue, porte ou détient les insignes militaires sans qu'il ait été régulièrement autorisé. Des objets particulièrement prisés par des jeunes. Mais étant donné le climat sécuritaire fébrile dans la région de l'Est, la rigueur doit être de mise. L'Est partage avec la République centrafricaine de longues frontières, et des individus mal intentionnés se camouflent dans ces tenues pour commettre des exactions.

Pour le géo stratège le Pr. Vincent Ntuda Ebodé les uns et les autres devraient se plier à la mesure d'interdiction compte tenu de la guerre asymétrique que vit le Cameroun. Une forme insidieuse d'insécurité qui nécessite une meilleure surveillance du territoire.

Iris Bitjoka

Auteur:
Iris BITJOKA
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