Le centre accueille en urgence, enfants abandonnés dont les bébés, maltraités et orphelins.
Bonamoussadi, dans la périphérie de Douala. Nous sommes au centre Main dans la main. Il est 17 heures trente. Dans la cour, quelques gamins entre 18 mois et trois ans jouent. Au passage d’une nourrice, ils crient en chœur, “ Mama Nicole, mama Nicole ”, avant de replonger insouciants, dans leurs jeux.
Dans les salles de formation en couture et décoration, les apprentis s’apprêtent à partir. Tout à côté, sous le regard de Mme Manga Marie, le répétiteur, les élèves du primaire révisent leurs leçons. Ceux du secondaire prendront place dès 18 heures. Non loin de là, une nourrice fait du repassage tandis qu’une autre donne à Baptien, un nourrisson de six mois, son biberon. Au fur et à mesure que l’obscurité étend son voile sur la ville, les plus jeunes retournent au dortoir et les cuisinières apprêtent le repas du soir.
Dans ce foyer, on se lève tôt. “ Dès 5 heures, nous sommes debout. Après la toilette, nous allons prier à la chapelle. Ensuite, nous prenons le petit-déjeuner et partons pour l’école ”, raconte Isabelle Takim, élève en classe de 4ème au Collège des Lauréats et pensionnaire depuis 7 ans au centre Main dans la main. Entre leurs études et les jeux récréatifs, les enfants effectuent des tâches ménagères. “ Nous faisons la vaisselle, nettoyons le sol. Chaque enfant sait ce qu’il a à faire. Mais très souvent, c’est avant d’aller au lit que nous les exécutons”, explique, Kam Abel.
Réaliser un rêve“
J’ai des amies qui vivent chez eux. Lorsqu’elles me racontent ce qu’elles vivent, je trouve que je suis heureuse ici. Nos nourrices nous traitent bien. Avec notre maman, c’est le dialogue en permanence. Elle nous guide ”, confie Odette Owoyemi, présente à Main dans la Main depuis 12 ans. Bergerot Betcham, élève en classe de 6ème au Lycée de Maképé poursuit : “ Tous les mois, nous avons des séances de causeries avec notre maman (Mme Nomo Messina Ndlr). Elle nous demande quel est le métier qui nous passionne et nous oriente ”.
Mais tout n’est pas que rose dans cette maison. Comme partout ailleurs, le comportement des enfants qui grandissent n’est pas toujours louable. “ Des fois, lorsque je rentre des classes, je n’ai aucune envie de parler à qui que ce soit. Je passe directement au dortoir et refuse de travailler”, explique Abel. Mais comme dans toutes les familles, les sanctions sont prévues. La punition varie, selon l’humeur de la nourrice. “ Celui qui est puni lave les assiettes ou le sol ”, poursuit un autre pensionnaire. Ce qui n’enlève rien à leurs ambitions. Les enfants du centre rêvent de devenir, médecin, couturier, hôtesse, footballeur, etc. “ Je voudrais être footballeur. Mon argent me permettra de voler au secours des autres ”, confie Bergerot.
Le Centre Romulus et Remus accueille les enfants en extrême urgence. Ce sont des orphelins, des enfants abandonnés, exploités ou maltraités ainsi que des bébés de quelques jours. Main dans la Main accorde une importance particulière à la scolarisation de ces enfants. Leur accès au savoir et au savoir-faire apparaît comme le meilleur gage de leur ascension et leur insertion sociale. Pour s’occuper de ceux-ci, une douzaine de personnes, relayées par de nombreux bénévoles. Depuis 1988, date de sa création, c’est environ “ 400 enfants qui ont bénéficié de nos services. Cette année, 45 enfants âgés de 0 à 17 vivent au centre, cinq se trouvent dans des familles d’accueil et deux étudiants résident au Campus”, précise Mme Nomo Messina fondatrice de cette association.