Cameroun – Assassinat Martinez Zogo : Maitre Claude Assira pense que le ministre Laurent Esso devrait rompre le silence pour permettre au peuple de comprendre

Par Adeline ATANGANA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 17-Apr-2023 - 16h37   13549                      
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Laurent Esso, ministre de la Justice Capture d'écran
17 janvier – 17 avril 2023, cela fait ce jour trois mois que le journaliste lanceur d’alerte, Martinez Zogo a été kidnappé à Yaoundé puis torturé à mort.

 

Qui a tué Martinez Zogo ? Jusqu’à présent, l’on n’est pas fixé sur l’identité des assassins, ni celle des commanditaires.

La vingtaine de personnes placées en détention provisoire par le Tribunal militaire de Yaoundé à la prison centrale et à la prison principale de Kondengui au début du mois de mars 2023, sont simplement inculpées pour « enlèvement et torture » et « complicité de torture par aide ».

«J’ai beaucoup de mal à comprendre la qualification de simple torture qui a été retenue, et qui donne à penser que ce n’étaient que des menaces qui étaient envisagées et que les tortures utilisées en vue de ces menaces ont accidentellement conduit à la mort. Et pourtant, tout le monde sait très bien que, si vous torturez une personne, il va arriver un moment ou un autre où son cœur est susceptible de lâcher, et de conduire à la mort. C’est pour ça que la qualification retenue de torture paraît pour le moins curieuse» estime Maitre Claude Assira, avocat au barreau du Cameroun dans une interview diffusée ce lundi 17 avril sur l’antenne de Rfi.

Le ministre de la justice garde des sceaux, Laurent Esso, est au centre d’une autre curiosité. Ce membre du gouvernement, ami intime de l’homme d’affaire Jean Pierre Amougou Belinga, a été cité comme étant l’un des commanditaires de l’assassinat de Martinez Zogo, par le lieutenant-colonel Justin Danwe, chef du commando ayant enlevé et torturé le journaliste. Jusqu’à ce jour, le très puissant ministre n’a pourtant jamais été inquiété par la commission d’enquête mixte gendarmerie – police mise sur pied par le président de la République. Réputé peu disert, le ministre de la justice a choisi de se murer dans le silence. C’est une erreur de sa part, pense Maitre Claude Assira.

«Alors ce qui peut juste nous interpeller nous autres de l’extérieur, c’est que nous n’ayons jamais eu un communiqué officiel de la personne concernée, soit en tant qu’individu, soit éventuellement en tant que membre du gouvernement. Dans un crime qui n’est pas banal, qui n’est pas rien, je pense qu’un communiqué eut été le minimum qu’on puisse faire pour permettre au peuple de comprendre, d’autant que ce ne sont pas des fonctions banales qui sont occupées par ce membre du gouvernement, ça aurait été le minimum.»

Certaines personnes estiment que, compte tenu des liens d’amitié entre le PDG du groupe de presse l’Anecdote, Jean Pierre Amougou (inculpé) et le puissant ministre de la justice, Laurent Esso, l’on pourrait avoir un procès biaisé dans le but de libérer certains commanditaires présumés. Quant a Maitre Assira, il estime que la requalification des chefs d’accusation pourrait masquer une partie de la vérité dans cette affaire.

« Ce que je crains, c’est que ce procès soit un procès éventuellement cadenassé au regard de l’agitation que je vois d’ici, et de la façon dont ça fonctionne habituellement, c’est-à-dire les passe-droits, les couvertures et autres… Je peux vous donner une réponse qui me semble ne pas être optimiste, parce que le motif délibérément restreint de l’instruction préparatoire qui a fini par obtenir une infraction insolite, l’infraction de torture, peut donner à craindre que, malheureusement, on n’ait pas toute la vérité, on n’ait qu’une partie de la vérité. Vous savez très bien qu’une partie de la vérité, ce n’est jamais la vérité».

Auteur:
Adeline ATANGANA
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