Cameroun - Cession des actifs du Groupe Bolloré à MSC : friction autour du licenciement de 407 employés

Par Adeline ATANGANA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 05-Feb-2023 - 13h58   7848                      
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Bolloré africa logistics devient Bolloré transports logistics Cameroun Archives
Un mouvement d’humeur est actuellement observé par les employés de Bolloré Africa Logistics et de SOCOPAO CAMEROUN. Des Quatre cent sept employés qui devront être congédiés, Cent Vingt-cinq ont déjà été notifiés par des huissiers de justices du Groupe Bolloré. S’il s’agit pour le management du Groupe Bolloré de donner une suite favorable à la demande des employés qui ont fait valoir leur Droit d’Option, il reste que de vives contestations remontent désormais en surface.

 

C’est depuis le mois de Décembre 2022 que les actifs de Bolloré Transport & Logistics Cameroon (BTL) ont été mutés au profit d’un nouvel opérateur, le Groupe Italo-Suisse Mediterranean Shipping Company (MSC). En raison du rachat désormais acté entre les deux Groupes, un nombre importants d’employés du Groupe Bolloré et Cie ont exprimé la volonté de mettre un terme aux contrats qui les liaient jusque-là au Groupe BTL, avec comme corollaire la liquidation des droits inhérents avant la modification du statut juridique de l’employeur.

De ce fait, un listing de 407 employés recensés est déposé auprès de la direction de l’entreprise par les délégués du personnel pour transmission à l’inspection du travail.

Des dispositions sont de ce fait prises par le management du Groupe Bolloré dans le but « de mettre en œuvre toutes les diligences nécessaires afin que les travailleurs ayant souhaité faire valoir leur droit d’option puissent être libérés de leurs relations contractuelles, conformément à l’article 42 du Code du travail », renseigne le Directeur Général du Groupe Bolloré pour la Région Golfe de Guinée Serge AGNERO

Dans le code du travail, l’article 42 – 1 (a) indique : « S’il survient une modification dans la situation juridique de l’employeur, notamment par succession, vente, fusion, transformation de fonds, mise en société, tous les contrats de travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel entrepreneur et le personnel de l’entreprise. Leur résiliation ne peut intervenir que dans les formes et aux conditions prévues par la présente section ; (b) Les dispositions de l’alinéa précédent ne s’appliquent pas : lorsqu’il y a changement d’activité de l’entreprise ; lorsque les travailleurs expriment, devant l’inspecteur du travail du ressort, leur volonté d’être licenciés avec paiement de leurs droits, avant la modification. »

Lettre Délégué régional du Travail pour Littoral aux Responsables Groupe Bolloré (c) A. A

 

La volte-face ?

Des 407 employés sur le coup de la mise en congé, 125 ont été notifiés dès le 31 Janvier ; leurs badges d’accès aux entreprises ont aussitôt été désactivés. Mais cette série de licenciement engagée sera interrompue par un mouvement d’humeur qui avait d’ailleurs été annoncé quelques jours plus tôt.

Sur la place portuaire ce mardi 2 février, les manifestants expriment leur désapprobation au sujet de la procédure engagée par le Top Management du Groupe Bolloré.   A travers le Syndicat des Employés du Transit, des Société du Secteur Maritime et Activités Connexes au Cameroun dénoncent un vice de procédure.

« Jusqu’à ce que les parties signent un procès-verbal total de conciliation devant l’inspecteur de travail, l’employé qui a souhaité partir peut encore renoncer à rompre son contrat de travail », précise Jean Marie Yossa, Président du SETRASOSMACC.

C’est partant sur cette base, et en réponse aux préoccupations de la Délégation Régionale du Travail et de la Sécurité Sociale pour le Littoral, le Directeur Général du Groupe Bolloré pour la Région Golfe de Guinée Serge AGNERO se veut rassurant. « Nous prenons acte de la décision de l’Inspection du Travail qui nous demande d’appliquer de manière stricte et scrupuleuse les modalités de l’article 42 ; avec d’une part le maintien de l’emploi, avec les acquis sociaux, pour les collaborateurs qui souhaitent continuer l’aventure. Et d’autre part le licenciement avec paiement des droits légaux, sans obligation légale de réembauche pour ceux des travailleurs ayant souhaité faire valoir leur droit d’option conformément à l’article 42 », dans un message envoyé au personnel.

Et d’en rajouter, avec le repreneur, « nous avons commencé à travailler avec nos collègues de MSC et de Meldog afin de développer des projets de création de valeur. Tout ceci va créer du CAP supplémentaire, nous garantir la pérennité des emplois et même dans certains cas de figure l’embauche des ressources supplémentaires ». 

Lettre Délégué régional du Travail pour Littoral aux Responsables Groupe Bolloré (c) A. A

Rappelons que la cession à l’armateur MSC de 100% de Bolloré Africa Logistics est effective depuis le 21 Décembre dernier.  Une vingtaine de pays sur le continent africain sont concernés par cette transaction évaluée à 5,7 Milliards d’euros pour les activités de transport et de logistique.

Auteur:
Adeline ATANGANA
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