Cameroun - Climat social: Comment la police et la gendarmerie ont brutalisé les enseignants

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 31-Jan-2020 - 12h44   10477                      
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Des enseignants chargés capture d'écran
Venus rendre hommage à leur collègue, le jeune Njomi Tchakounte, mortellement poignardé par son élève, des enseignants ont été chargés par les forces de l’ordre le 30 janvier 2020.

Un hommage qui s’est transformé en jets d’eau et gaz lacrymogènes. C’est la réalité vécu le jeudi 30 janvier 2020 à Yaoundé.

Plusieurs centaines d’enseignants se sont mobilisés pour la levée de corps de Boris Kevin Njomi Tchakounte, professeur de mathématiques au lycée classique de Nkolbisson, mortellement poignardé par son élève de la classe de 4è le 14 janvier dernier.

Ils sont venus en nombre pour assister à la levée de corps de leur collègue, qui avait lieu à la morgue du CHU.

Sous la houlette du Collectif des Enseignants Indignés du Cameroun, ils tenaient également à rendre hommage à leur collègue en organisant une procession jusqu’au ministère des Enseignements Secondaires. Une manière de dénoncer le traitement réservé au corps enseignant dans notre pays.

Hommage des enseignants à Njoni Tchakounte (c) Fred BIHINA

Mais les forces de l’ordre ne l’ont pas entendu de cette oreille. Si la marche de procession a bel et bien commencé au CHU, les manifestants ont été violemment dispersés au carrefour EMIA.

Ils ont été chargés par les policiers et gendarmes à l’aide de canons à eau et de gaz lacrymogènes. Certains ont été de victimes de malaise alors que d’autres ont été momentanément interpellés avant d’être libérés.

Une situation qui a choqué la classe politique de l’opposition. En tête, le leader du PCRN, Cabral Libii.

«Des gaz lacrymogènes et des canons à eau sur des enseignants qui rendent hommage pacifiquement à leur collègue décédé inutilement. Quelle cruauté inutile! Quelle inconséquence! En refaisant les mêmes erreurs qui ont abouti à l'irréversible crise anglophone, nous avons la preuve, si certains avaient encore le doute que nous sommes dirigés par des créatures méchantes et incompétentes», a écrit le candidat à la députation sur sa page Facebook.

Le MRC de Maurice Kamto a aussi réagi à travers un communiqué publié par Sosthène Médard Lipot, son responsable de la communication.

«Le MRC relève ce jour, avec effroi, la violence inacceptable qui s'est abattue sur les milliers de citoyens majoritairement enseignants vêtus de toges(identifiables), venus compatir à la douleur de la famille du disparu, à la morgue et dans les rues débouchant au CHU. Les enseignants ont été violentés par une police particulièrement brutale, humiliés et traumatisés par leurs anciens élèves usant de gaz lacrymogènes et de matraques entre moyens cyniques», relève le communiqué.

Fred BIHINA

Auteur:
Fred BIHINA
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