Cameroun - Justice: Une coalition contre la peine de mort voit le jour

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 19-Oct-2019 - 13h12   3292                      
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Justice Camerounaise Archives
Les abolitionnistes regroupés au sein de plusieurs organisations ont choisi de se mettre ensemble pour mener plus efficacement le combat.
 
La 17eme édition de la Journée internationale de lutte contre la peine de mort s'est célébrée le 10 octobre 2019 à travers le monde entier. Au Cameroun, la célébration a été marquée par une série d'activités initiées par l'organisation non gouvernementale Droit et Paix, en collaboration avec le Réseau des avocats camerounais contre la peine de mort (Racopem). Les abolitionnistes camerounais se sont retrouvés à Douala le vendredi 11 octobre 2019 pour un séminaire de renforcement des capacités organisé à leur encontre. Une occasion qui a permis de regrouper plusieurs organisations de défense des droits de l'homme ainsi que des personnes victimes de la peine de mort. 
 
"Au soir de cette célébration, je peux être satisfait de la participation de plusieurs organisations camerounaises dans ce combat que nous menons depuis plusieurs années déjà", s'est satisfait Maître Nestor Toko, président de l'ONG Droit et Paix. Il est d'autant plus réjoui que pour cette 17eme édition, les abolitionnistes camerounais ont choisi de se mettre ensemble pour commémorer cette journée et  intensifier le combat pour faire sauter le verrou de !à peine de mort au Cameroun. " Cela témoigne d'une prise de conscience de plusieurs organisations de la société civile pour ce combat qui est celui de l'abolition de la peine de mort", a indiqué l'avocat au barreau du Cameroun.
 
Pour Droit et Paix et toutes les autres organisations camerounaises qui mènent ce combat, la question de la peine de mort reste une  préoccupation réelle au Cameroun, le pays ne l'ayant pas encore retiré de son arsenal juridique bien que cela soit jugé contraire à la constitution qui garantit le droit à la vie. L'autre sujet de préoccupation concerne les conditions d'incarcération et de vie des personnes qui arpentent le couloir de la mort. " Parmi elles, il y en a qui sont victimes de traumatisme car elles ne savent pas si elles vont faire l'objet d'une exécution, aujourd'hui ou plus tard, ou ce ne sera pas le cas. Il y en a parmi elles des femmes qui sont détenues avec des enfants mineurs et vraiment, c'est une situation qui est contraire aux normes des droits de l'homme ratifiées par le Cameroun. Je dois également dire que les conditions de détention sont exécrables pour ces personnes condamnées à mort." Fait remarquer le président de l'ONG Droit et Paix.
 
Les abolitionnistes se préoccupent également de la situation des victimes de la Peine de mort qui a détruit plusieurs familles au Cameroun. Les témoignages faits par des enfants des condamnés à mort au cours de la célébration de cette année ont permis de mesurer l'ampleur des dégâts causés par la peine de mort sur la vie de la famille. 
Face au combat mené par les abolitionnistes, les autorités camerounaises ne restent pas totalement insensibles. "Nous sommes partis d'une situation où parler de la peine de mort était même perçu comme étant de la subversion. Plusieurs acteurs de la Société civile et même politiques n'osaient en parler. Aujourd'hui, ce n'est plus une question tabou. La lutte que nous avons menée nous permet de parler de façon publique de cette question. Donc, on peut dire qu'il y a un pas qui est fait. Il y a des institutions comme le barreau du Cameroun qui se prononcent sur là peine de mort, hier ce n'était pas le cas. Aujourd'hui, il y a au sein du Parlement sous notre instigation, un réseau qui se met en marche pour l'abolition de la peine de mort. Il y a une avancée, une prise de conscience qui, nous pouvons l'espérer permettra l'abolition de la peine de mort" reconnaît Maître Toko. 
Pour aborder ce que l'on pourrait considérer comme l'assaut final dans ce combat au Cameroun, une coalition camerounaise contre la peine de mort a été instituée en marge des dernières célébrations. Une étape importante de franchie. La mission immédiate assignée au bureau provisoire constitué est de " fédérer toutes les autres organisations autour de cette question qu'est l'abolition de la peine de mort". Un gros travail l'attend aussi au niveau du Parlement où il est désormais question de faire de tous les parlementaires des abolitionnistes.
Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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