Dans le cadre du Projet de développement de l’élevage (Prodel), le ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales a récemment réceptionné 100 porcs, dont 17 mâles, en provenance d’un fournisseur européen. L’objectif du gouvernement camerounais est de reconstituer progressivement le cheptel national, qui vient de traverser une épizootie.

L’interprofession des éleveurs de porcs de la région de l’Ouest avait indiqué que 90 000 porcs ont été abattus en l’espace de trois mois, ce qui représente 22,5% du cheptel de 400 000 têtes recensées dans cette partie du Cameroun.

Louis-Marie Kakdeu

« Les porcelets obtenus de ces souches ne vont pas se reproduire »

L’économiste Louis-Marie Kakdeu revient sur l’importation de la nouvelle cargaison de géniteurs de porcs et estime que cette initiative ne va produire aucun effet positif à long terme.

Il y a quelques semaines, 100 porcs ont été importés par le gouvernement camerounais pour reconstituer le patrimoine génétique national affecté par la récente peste porcine. Comment appréciez-vous cette initiative?

Ce n’est pas la première fois que le Cameroun procède à des importations de cette nature. A cout terme, ces importations peuvent permettre de combler le déficit en viande de porc dans le pays après l’épizootie de peste porcine africaine que le pays vient de traverser. Ces initiatives visent à régénérer les fermes et je pense que c’est une bonne chose.

Ces initiatives peuvent-elles être des solutions efficaces à long terme ?

 En fait, ce sont des sujets clonés et c’est ça le problème. Cela veut dire que jamais les porcelets obtenus de ces souches ne se reproduiront. Une fois que nous aurons atteint la limite avec ces grands parentaux, nous ne pourrons pas augmenter le cheptel. Ces géniteurs importés ne sont pas comme nos porcs traditionnels qui se reproduisent à volonté et ensuite par leurs petits. Pour que nous ayons des variétés non clonées, il faudrait peut-être un transfert de technologies que nous n’avons pas et c’est toute la limite de l’approche. Moi je n’aurais pas opté pour cette solution mais plutôt pour l’optimisation des variétés locales dont dispose le Cameroun.

Si d’aventure le Cameroun devait entrer dans les variétés améliorées, les recherches au niveau de nos laboratoires sont suffisamment avancées et peuvent nous permettre de combler ces manquements sans avoir à importer des géniteurs. Dans tous les cas, il serait intéressant de financer la recherche ici au Cameroun, au lieu de toujours se mettre  dans des prédispositions à importer.

Propos recueillis par Jean Daniel Obama