Cameroun: Le HCR fait établir 1 000 actes de naissance aux déplacés internes de Maroua

Par Bernard BANGDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 27-Jul-2022 - 14h45   4770                      
0
Un enfant = Un acte de naissance Archives
A travers cette action, l’organisation onusienne voudrait contribuer à l’éducation des enfants victimes des conflits intercommunautaires à l’Extrême-Nord

Le 21 juillet 2022, au camp des réfugiés de Maroua, le chef-lieu de la région de l’Extrême-nord du Cameroun, le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a procédé à la remise de 1 000 actes de naissances aux enfants des déplacés internes des conflits intercommunautaires de décembre 2021 dans le département du Logone-et-Chari. L’information est contenue dans l’édition du mercredi 27 juillet 2022 de L’œil du Sahel, le journal spécialisé dans l’information du grand nord du pays (Adamaoua, Extrême-nord et Nord, ndlr).

Cette action du HCR vient en appui d’autres allant dans ce sens dans cette partie du pays. A l’exemple de celle du maire de la commune de Datchéka, dans le département du Mayo-Danaï. Le 15 juillet 2022, Jean Claude Karmo remettait 680 actes de naissance à certains de ses concitoyens qui n’en avaient pas encore. Dans un cas comme dans l’autre, les bienfaiteurs excipent de leur volonté de contribuer à l’éducation des enfants bénéficiaires dans un contexte de crise sécuritaire généralisée (guerre contre Boko Haram et affrontements intercommunautaires).

En voulant échapper aux effets de ces guerres, les parents ne se soucient donc pas de l’état-civil de leurs enfants. Pas seulement. A l’agence régionale du Bureau national de l’Etat-civil (Bunec, l’organisme public en charge de la gestion de l'état civil au Cameroun, ndlr) de l’Extrême-nord, l’on indique que « les guerres ne sont pas les seules raisons pour lesquelles les enfants en âge scolaire n’ont d’acte d’actes de naissance. Les populations n’ont pas la culture de l’établissement de ce document dans les délais ». Même son de son cloche chez le gouverneur de l’Extrême-nord, Bakari Midjiyawa : « Parmi les déterminants à l'origine de ce phénomène, figurent les barrières culturelles, l'analphabétisation, les préjugés sexistes, la pauvreté, la corruption, l'absence de simplification du système d'enregistrement et de reconstitution ». Conséquence, en février 2021, cette structure dénombrait environ 378 762 enfants qui, pour n’avoir pas d’acte de naissance, n’ont pas pu se présenter à l’examen du certificat d’études primaires dans la région de l’Extrême-Nord. C’est pour ne plus vivre pareille déconvenue que le HCR et certaines communes de cette région se sont engagés dans l’accompagnement des populations sans acte de naissance.

Pour rappel, selon les statistiques rendues publiques en novembre 2020 par le Bunec, au Cameroun, en 2019, environ 1,6 million d’enfants étaient sans acte de naissance. Si ce phénomène d’« enfants invisibles » est observé dans toutes les dix régions du pays, il se pose avec acuité dans les régions du Nord-ouest, du Sud-ouest et de l'Extrême-nord.

Bernard Bangda, CIN

Auteur:
Bernard BANGDA
 @T_B_D
Tweet
Facebook




Dans la même Rubrique