Cameroun - Industrie: Le pagne local se porte mal dans le septentrion

Par Jean-M NKOUSSA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 11-Nov-2017 - 17h43   8082                      
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Des pagnes sur des etals Archives
Les populations préfèrent les produits importés au détriment du pagne fabriqué localement.

« Le pagne local n’habille pas le septentrion » : c’est le titre du dossier réalisé par L’Œil du Sahel paru le 8 novembre 2017, sur la mauvaise santé du pagne camerounais dans le Grand-Nord. En effet, les commerçants de cette partie du pays préfèrent s’approvisionner à l’étranger. Pourtant, avec une population estimée à 7,5 millions d’habitants, le septentrion représente un marché important.

Dans le marché du tissu au Cameroun, la société publique, CICAM (Cotonnière Industrielle du Cameroun) ne revendique que 5% des parts. Le gros du pourcentage est ainsi détenu par des produits importés. Selon Paul Eloundou Ondobo, directeur des affaires financières de CICAM, « 80% des parts du marchés sont détenus par les produits en provenance d’Asie, principalement la Chine ; 10% du Nigeria et 5% par les autres pays de l’Afrique de l’Ouest ».

Ce n’est pas tout. D’autres pays y trouvent leurs comptes. Le Maroc, l’Algérie, les pays du Golfe tels que le Qatar ou ceux d’Europe à l’instar des Pays-Bas. Et du coup, le pagne coûte très cher dans cette partie du pays. Ousmane vendeur de tissu dans la ville de Maroua, confie au journal qu’au Pays-Bas, « six yards de Wax coûtent entre 50 et 90 000 FCFA. Pour nous qui partons acheter à Helmond, nous sommes obligés d’inclure le prix du billet d’avion, du séjour en Hollande, de la douane et du transport une fois au Cameroun. Du coup, un six yards acheté à 50 000 FCFA là-bas, est revendu au Cameroun à 120 000 FCFA en moyenne », explique le commerçant.

Pour l’économiste Dieudonné Essomba, il sera difficile de sortir de cette situation. « Nous avons laissé le marché du tissu aux étrangers. Ils se sont approprié le secteur. Dans ces conditions, il est difficile pour le Cameroun de sortir de cette ornière, si tant est qu’il ne peut pas satisfaire la demande nationale, n’en parlons pas du marché international », note ce dernier. Il fait notamment savoir que les produits venant d’Asie sont moins couteux que ceux fabriqués localement. Il propose donc d’interdire l’importation de la friperie, de limiter l’achat des vêtements fabriqués en Chine et de repenser la politique commerciale afin d’intéresser les camerounais aux produits locaux.

Auteur:
Jean-M NKOUSSA
 @jmnkoussaCIN
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