Cameroun - Accident de la CAMRAIL: Le témoignage poignant d’un rescapé

Par | Correspondance
YAOUNDE - 22-Oct-2016 - 14h06   73300                      
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Accident de train à Eseka Image amateur
L’accident a fait officiellement au moins 55 morts et environ 600 blessés. Francis Bakapa, l’un des rescapés de ce train de 1300 passagers a posté sur Facebook un témoignage émouvant.

«C'est avec des larmes aux yeux que je vais remercier déjà le Seigneur qui a permis à ce que je sois encore en vie. L'incident qui s'est passé ce midi a été une preuve que la vie se tient à un bout de fil.

Tout d'abord merci à tous mes amis qui ont pris la peine à avoir de mes nouvelles, que ce soit par des coups de fil, SMS et autres moyens. Ce vendredi noir, j'ai été bouche B lorsque j'ai vu les wagons arrières soit 6 se détacher. Mes valises y étant pendant le contrôle de ticket j'étais juste à 1 pas. J'ai vu la dernière personne avec qui j'ai parlée dans ce train, bagarrer avec la porte qui le coinçait. Quand le chauffeur s'est battu à freiner et s'arrêter, ma première réaction était de descendre voir ce qui se passe.

Sur les lieux la première chose à voir, un être humain décédé avec la tête dans l'eau puis un autre avec le pied coupé. J'ai pris mon courage à deux mains, je suis descendu dans ce ravin pour aider ceux qui étaient blessés.
L'image la plus forte qui va hanter ma vie, sera ces deux bébés de près d'un an que j'ai porté entre mes mains croyant qu'elles vivaient hélas. Leur maman a succombé après un coup de fil. J'ai continué ou j'avais mes bagages, et là les personnes avec lesquelles j'ai dialoguées, mon Dieu étaient enterrées dans la boue. J'ai vu une dame demander le secours étant coincée, par de hache pour pouvoir lui venir en aide. Je ne savais pas qu'un jour j'allais porter des cadavres, la date du 21 octobre restera à jamais dans ma tête.

Sur place j'ai pensé que j'étais avec des amis où sont-ils? Pris de panique, je suis remonté vers la gare (d’Eséka NDLR) et j'ai vu un autre scandale . Des images choquantes à l'extrême. Grâce à un joueur de l'Union de Douala Nyeck vivant à Eseka, j'ai pu être soutenu car à ce moment précis, j'ai ressenti une douleur atroce. Le wagon de mon ami Ayuk Tako renversé, j'ai accouru pour savoir, il est sorti sain. J'ai été amené à l'hôpital d'Eséka ce que j'ai encore vu de ce côté est un fait inédit. Les corps superposés. J'ai été amené de suite à l'hôpital de Makak. C'est de là où j'ai été examiné on a pu me dire que j'ai des côtes en morceaux. Donc obligé d'aller dans un hôpital de référence pour faire une radio.

Tout ce que j'ai retenu, la vie n'a pas de prix. Le courage tout le monde peut l'avoir. Et le cœur de parent est important car ces deux bébés m'ont fait couler des larmes. Je n'aimerais pas me mettre à faire un bilan de mort car ils le feront ceux qui ont dit à 13h zéro mort. Encore merci à tous ceux qui se sont soucié à prendre des nouvelles. J'ai une pensée forte pour tous ceux qui nous ont quittés que le Seigneur puisse les accueillir auprès de lui ».

 

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